
Mondiaux d'athlétisme: scénario fou sur 1.500 m, le Portugais Isaac Nader sacré

Au bout d'un sprint acharné, le Portugais Isaac Nader a créé une énorme surprise en devenant champion du monde du 1.500 m mercredi à Tokyo, épilogue d'un scénario fou ayant écrémé les stars de la spécialité dès les séries.
Inconnu du grand public, le Portugais a jailli dans la dernière ligne droite pour s'imposer en 3 min 34 sec 10, doublant sur le fil le Britannique Jake Wightman (3:34.12), champion du monde en 2022 qui a plongé en vain sur la ligne pour tenter de conserver la tête.
Nader est resté caché la majorité de la course, emmené par le Kenyan Timothy Cheruiyot (finalement 4e) et le jeune Néerlandais Niels Laros (5e). Wightman les a dépassés à 200 m de l'arrivée et semblait filer vers la victoire mais Nader, encore cinquièmes à l'entame de la dernière ligne droite, a réalisé un super finish pour couper la ligne en tête tandis que Reynold Cheruiyot complétait le podium (3:34.25).
Devant 36.000 spectateurs abasourdis, par la chaleur et par ce qu'ils venaient de voir, le Portugais s'offrait un long tour d'honneur, semblant lui aussi avoir du mal à réaliser.
"Je n'ai pas de mots pour ce qui vient de se passer. Dans le dernier 100 m, j'ai cru en moi, j'ai plongé sur la ligne en sachant que Jake ne lâcherait rien. Ça a payé", a réagi Nader. "Je réalise un de mes rêves, le prochain attendra 2028 et les Jeux de Los Angeles."
- Hécatombe -
Le scenario est encore plus surprenant qu'il s'est joué sans le favori britannique Josh Kerr, champion du monde en titre. Jamais dans le coup, il a lâché le peloton à 500 mètres de l'arrivée et coupe la ligne bon dernier (4:11.23), visiblement blessé. Il a traversé la zone mixte en boitant, sans s'arrêter.
Cette finale folle conclut un 1.500 mètres qui a connu des rebondissements dès les séries. Dimanche matin, la discipline perdait coup sur coup son meilleur performeur mondial de l'année, le Français Azeddine Habz éliminé sans explications, et sa star norvégienne Jakob Ingebrigtsen, blessé depuis avril. En demies, c'est le champion olympique Cole Hocker qui était disqualifié pour un coup de coude à un concurrent.
Après cette hécatombe, la finale s'annonçait ouverte mais peu auraient parié sur Nader. Septième meilleur performeur mondial de la saison avec un record personnel porté à 3 min 29 sec 37 (sept secondes de mieux qu'il y a trois ans), le Portugais de 26 ans n'avait jamais fait mieux qu'une 12e place en championnats majeurs (à Budapest en 2023) et avait été sorti dès les demis aux JO-2024.
Cette victoire inattendue, au sprint, s'ajoute à de nombreux scénarios improbables survenus depuis le début de ces Mondiaux. On peut citer la victoire à la photo finish du Tanzanien Alphonce Felix Simbu et celle au sprint de la Kenyane Peres Jepchirchir sur le marathon, sans oublier les lignes droites incroyables du Français Jimmy Gressier sur 10.000 mètres et du Néo-Zélandais Geordie Beamish au steeple, tous les deux outsiders.
- Yavi surprise au steeple -
Mercredi soir, l'autre surprise a eu lieu sur le 3.000 m steeple femmes. La Bahreïnie Winfred Yavi, championne olympique, s'est fait surprendre à la dernière rivière par la Kenyane Faith Cherotich, qui décroche à Tokyo son premier titre mondial.
La course a été marquée par la chute à 1.000 m de l'arrivée de l'Ougandaise Peruth Chemutai, sacrée aux Jeux de Tokyo en 2021, qui a été évacuée sur une civière.
A la longueur, l'Italien Mattia Furlani a décroché à 20 ans son premier titre de champion du monde grâce à un bond à 8,39 m, avec là aussi un imprévue quand le champion olympique grec Miltiadis Tentoglou n'a pas fait mieux que 7,83 m et se classe 11e.
Plus logique, la championne du monde en titre Katie Moon s'est imposée à la perche en franchissant 4,90 m. L'Américaine a devancé sa compatriote Sandi Morris (4,85 m) et la Slovène Tina Sutej (4,80 m).
Tout s'est aussi déroulé comme prévu en séries du 200 m, étape passée sans encombres par les cadors, tandis que Femke Bol et Karsten Warholm se sont logiquement baladés en demies du 400 mètres haies.
P. Duarte--JDB