Israël: mobilisation pour les otages à Gaza, le gouvernement discute de la guerre
Plusieurs dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées mardi soir à Tel-Aviv pour clore une journée de solidarité avec les otages à Gaza et demander la fin de la guerre à l'heure où l'exécutif israélien discute de la poursuite des opérations militaires.
Tout au long de la journée, des manifestants se sont réunis à des carrefours à travers le pays et devant des domiciles de ministres en Israël pour réclamer du gouvernement un accord de trêve à Gaza.
Dans la bande de Gaza, les opérations militaires israéliennes ont fait au moins 35 morts dans la journée selon la Défense civile de Gaza, organisation de premiers secours dont l'AFP n'est pas en mesure de vérifier les informations compte tenu des restrictions imposées aux médias et des difficultés d'accès sur le terrain.
En Israël, le coup d'envoi de la mobilisation, à l'appel du Forum des familles d'otages, a été donné au petit matin à Tel-Aviv, où environ 400 manifestants ont arrêté des voitures, brandissant drapeaux israéliens et photos d'otages, selon un photographe de l'AFP.
- "Ca suffit !" -
Dans une vidéo diffusée à l'issue de la réunion, le Premier ministre Benjamin Netanyahu est resté vague sur les intentions du gouvernement alors que, selon plusieurs médias israéliens, la rencontre s'est achevée sans autre décision que celle de reprendre les débats d'ici à la fin de la semaine.
"Je dirai une chose : cela a commencé à Gaza, et cela se terminera à Gaza. Nous ne laisserons pas ces monstres là-bas, nous libérerons tous nos otages, et nous veillerons à ce que Gaza ne représente plus jamais une menace pour Israël", a-t-il dit.
"Ca suffit !", a hurlé Silvia Cunio dans le micro au début du rassemblement de Tel-Aviv dans la soirée. Ses deux fils, Ariel et David, sont retenus captifs depuis 690 jours dans Gaza. Elle s'exprimait aux côtés des deux compagnes de ses fils, toutes deux ex-otages libérées durant des trêves.
La guerre a été déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas sur le sud d'Israël.
Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 49 sont encore retenues dans Gaza dont au moins 27 ont été déclarées mortes par l'armée israélienne. Le Hamas détient aussi les restes d'un soldat israélien tombé au combat lors d'une précédente guerre de Gaza, en 2014.
- "Au plus vite" -
"Le plus important en ce moment, c'est que les otages reviennent le plus vite possible parce que chaque minute compte", a déclaré l'une des manifestantes à Tel-Aviv, Carmel Madmon, biologiste de 37 ans.
Manifestant en début de soirée devant le bureau du Premier ministre à Jérusalem, Itamar, étudiant, a déclaré à l'AFP être venu avec une "revendication très simple : nous demandons au gouvernement israélien d'arrêter la guerre et de faire revenir tous les otages".
La semaine dernière, M. Netanyahu a ordonné l'ouverture de négociations pour libérer tous les otages, sans donner plus de détails et sans faire référence à une proposition des médiateurs (Egypte, Etats-Unis, Qatar) acceptée par le Hamas.
Selon des sources palestiniennes, cette proposition prévoit la libération de tous les otages en deux temps au cours d'une trêve de 60 jours, en échange de prisonniers palestiniens détenus par Israël.
Mais M. Netanyahu a donné également son feu vert à une nouvelle offensive militaire pour prendre le contrôle de Gaza-ville, considéré comme l'un des derniers bastions du mouvement islamiste palestinien, ravivant l'inquiétude sur le sort des captifs et les pressions internationales sur une issue au conflit.
- "Guerre permanente" -
Dans une lettre publiée mardi, le président français Emmanuel Macron l'a invité à "éviter à la jeunesse israélienne de se consumer dans une guerre permanente".
Lundi, cinq journalistes, dont trois travaillant pour des médias internationaux, ont été tués dans deux frappes israéliennes sur un bâtiment de l'hôpital Nasser à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.
Ces frappes visaient une caméra du Hamas, selon une "enquête initiale" devant encore éclaircir "plusieurs lacunes", a indiqué mardi l'armée israélienne.
Le Hamas a rejeté mardi soir les conclusions de cette enquête, affirmant qu'il s'agissait d'"une allégation infondée, dépourvue de toute preuve, et visant uniquement à échapper à la responsabilité juridique et morale d’un massacre".
La campagne de représailles israéliennes a fait au moins 62.819 morts à Gaza, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas. Le ministère, dont les chiffres sont jugés fiables par l'ONU, ne précise pas le nombre de combattants tués.
L'aide internationale autorisée par Israël à entrer dans le territoire palestinien assiégé et dévasté est en "légère hausse", mais reste "une goutte d'eau dans l'océan", a déploré le chef du Programme alimentaire mondial (PAM), Carl Skau.
L'ONU a officiellement déclaré vendredi la famine dans l'un des quatre gouvernorats de la bande de Gaza, en imputant la responsabilité à Israël, qui a dénoncé un "mensonge éhonté".
J.L. de Oliveira--JDB