
Ukraine : l'armée russe accélère au moment où Zelensky s'adresse à Trump

L'armée russe accélère en Ukraine, où elle a effectué une avancée record en plus d'un an, au moment où les Européens et Volodymyr Zelensky tentent de convaincre Donald Trump, mercredi par visioconférence, de défendre les intérêts de Kiev face à Vladimir Poutine.
A quelques jours du sommet entre le président américain et son homologue russe Vladimir Poutine, prévu pour vendredi en Alaska, les forces russes ont réalisé mardi leur plus grande progression en 24 heures en territoire ukrainien depuis plus d'un an, selon l'analyse par l'AFP des données fournies par l’Institut américain pour l’étude de la guerre (ISW).
Les troupes russes, dont l'avancée s'accélère, ont dit avoir conquis plus de 110 km2 supplémentaires au 12 août par rapport à la veille, ce qui n’était plus arrivé depuis fin mai 2024. Ces dernières semaines, il leur fallait habituellement six jours pour progresser autant.
Signe de la dégradation de la situation : l'Ukraine a ordonné mercredi l'évacuation de familles dans une dizaine de localités situées près du secteur de l'est de l'Ukraine où l'armée russe a rapidement avancé ces derniers jours.
Moscou a aussi lancé une nouvelle vague d'attaques par les airs, avec au moins cinquante drones et deux missiles balistiques de mardi soir à mercredi matin, selon les forces aériennes ukrainiennes.
Au moins trois personnes ont été tuées dans des attaques d'artillerie et de drones russes dans la région de Kherson (sud) tôt mercredi, d'après les autorités régionales.
- Frénésie diplomatique -
Pendant ce temps, l'activité diplomatique bat son plein depuis l'annonce du sommet à Anchorage, en Alaska, dont les Européens redoutent qu'il ne débouche sur une issue défavorable à l'Ukraine, après trois ans et demi de conflit.
Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a fait état de plus de 30 échanges et consultations avec ses alliés ces derniers jours, quand Vladimir Poutine a conversé avec ses plus proches partenaires : le Chinois Xi Jinping, l'Indien Narendra Modi, le Brésilien Luiz Inácio Lula da Silva et le Nord-Coréen Kim Jong Un.
Mercredi, les yeux sont tournés vers Berlin, où le chancelier allemand, Friedrich Merz, a invité Donald Trump et son vice-président, JD Vance, à s'entretenir par visioconférence avec M. Zelensky, mais aussi les principaux dirigeants européens, notamment le président français, Emmanuel Macron, et le Premier ministre britannique, Keir Starmer.
Le chef de l'Etat ukrainien a fait le déplacement dans la capitale allemande pour participer à ces discussions au côté de M. Merz, arrivant en hélicoptère à la chancellerie.
Après un entretien bilatéral, les deux hommes ont entamé 14H00 (12H00 GMT) une première visioconférence avec leurs homologues européens, les dirigeants de l'UE et de l'Otan.
Donald Trump et JD Vance doivent rejoindre la réunion vers 15H00 (13H00 GMT). A son issue, MM. Zelensky et Merz feront une déclaration. Suivra une dernière rencontre des soutiens de Kiev, regroupés au sein de la "coalition des pays volontaires".
Il est "nécessaire d'arriver aussi vite que possible à un cessez-le-feu réel et sécurisé", préalable à d'éventuelles "véritables discussions et négociations", a dit mercredi un porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Meyer.
Un responsable du ministère russe des Affaires étrangères, Alexeï Fadeïev, a jugé "insignifiantes" les consultations des Européens avec Washington, affirmant que l'Union Européenne "sabot(ait)" les "efforts diplomatiques de Washington et Moscou pour régler la crise ukrainienne".
Les Européens sont "des gens formidables qui souhaitent voir un accord conclu", a commenté Donald Trump sur son réseau Truth Social.
- "Tromperie" pour Zelensky -
M. Zelensky n'a pas été convié au sommet en Alaska. Avant de rallier la capitale allemande, il a appelé ses alliés à contrer toute "tromperie" russe.
"Il faut mettre la pression sur la Russie pour obtenir une paix équitable", a-t-il déclaré sur Telegram, après avoir exclu tout retrait dans l'est de l'Ukraine dans le cadre d'un accord de paix.
Le président américain a prédit "des échanges de territoires", à un moment où les soldats russes occupent environ 20% de l'Ukraine.
Mais il est aussi resté vague sur ses attentes vis-à-vis de Vladimir Poutine, disant vouloir "tâter le terrain".
Mardi, sa porte-parole, Karoline Leavitt, a relativisé un peu plus les enjeux du rendez-vous d'Anchorage, le qualifiant d'"exercice d'écoute pour le président".
La Russie réclame que l'Ukraine lui cède quatre régions partiellement occupées (Donetsk, Lougansk, Zaporijjia et Kherson), en plus de la Crimée annexée en 2014, et qu'elle renonce aux livraisons d'armes occidentales et à toute adhésion à l'Otan.
X. Barbosa--JDB