
PMU: l'Etat fait le pari du changement de statut et de gouvernance

L'Etat vient au secours de la filière hippique confrontée à une baisse des paris et préconise une réforme, un "Pacte PMU 2030", qui entend changer le statut et la gouvernance de l'opérateur.
Le PMU, né en 1930, est un Groupement d'intérêt économique (GIE) détenu par France Galop et la SETF (Société d'encouragement à l'élevage du trotteur français) qui se partagent à parts égales le bénéfice net (8% des mises) pour financer la filière hippique et ses 40.000 emplois.
Les joueurs empochent 75% des mises sous forme de gains tandis que l'Etat en reçoit 9%.
Selon le bilan 2024 de l'Autorité nationale des jeux (ANJ), le PMU a enregistré 6,6 milliards d'euros de mises l'an dernier, pour 1,7 milliard de produit brut des jeux (différence entre les mises des joueurs et leurs gains), en baisse de 2% sur un an.
Et l'année 2025 ne s'annonce pas sous de meilleurs auspices puisque selon France Galop en juin, les mises étaient en baisse de 4% depuis le début de l'année.
Mercredi, le gouvernement, s'appuyant sur un rapport de l’Inspection Générale des Finances (IGF) qui confirme "la tendance à la baisse des enjeux du pari hippique", a annoncé un "Pacte PMU 2030" dont l'une des plus importantes mesures sera, de "rénover la gouvernance" et changer le statut du PMU pour le faire évoluer en GIE commercial.
Ce statut de GIE commercial, selon certains médias, permettrait notamment de ne plus reverser la totalité de son bénéfice net aux sociétés mères et de constituer des réserves. Le PMU aurait "davantage d'autonomie stratégique" et "cela renforce l'entreprise et sa profitabilité", souligne Bercy auprès de l'AFP,
En juin, le départ d'Emmanuelle Malecaze-Doublet, qui dirigeait le PMU depuis juillet 2022 a été dévoilé sans qu'aucun successeur ne soit annoncé. "L'enjeu c'est de retrouver une dynamique de croissance" avait alors souligné une source au sein d'une société de courses.
- Bisbilles -
L'Etat demande également mercredi aux sociétés mères, France Galop et la SETF, de "poursuivre les efforts d’économies et de réduction pérenne des charges en favorisant davantage la mutualisation de leurs services, et dégager, en parallèle, de nouvelles recettes hors-paris".
France Galop a annoncé fin mai un plan d'économies et de "retour à l'équilibre": la société diminuera progressivement ses charges d'organisation des courses de 20 millions d'euros à horizon 2029, et surtout elle va réduire de 20,3 millions les "encouragements" (allocations versées à la filière) à partir de 2026, après une réduction de 10,5 millions cette année.
L'assemblée générale du PMU fin juin avait été source de bisbille entre les deux sociétés, la SETF refusant d'approuver les comptes 2024. Les professionnels de la filière avaient alors publié une lettre ouverte poussant les sociétés mères à rassurer immédiatement les professionnels de leur bonne collaboration.
Le gouvernement a désigné mercredi Eric Woerth, député de l’Oise, pour diriger la mise en oeuvre du "Pacte PMU 2030". Il aura pour mission "de formaliser un accord stratégique avec les sociétés mères en s’appuyant sur les recommandations de l’IGF, de définir le contenu du Pacte PMU 2030, de proposer une réforme de la gouvernance du PMU et de fixer la clé de répartition entre les sociétés mères, et de formaliser le mandat de la prochaine équipe de direction du PMU".
La filière avait échappé cette année, après une large mobilisation, à une hausse des taxes sur les paris hippiques en point de vente. La loi de finance 2025 a en outre introduit la possibilité de parier en direct sur des courses hippiques.
X. do Nascimento--JDB