
Plus de 200 crocodiles abattus dans une ferme de Cisjordanie

L'administration civile israélienne a annoncé lundi avoir abattu plus de 200 crocodiles du Nil représentant "un danger", dans une ferme située dans une colonie israélienne en Cisjordanie occupée, un geste dénoncé par le propriétaire et des organisations de défense des animaux.
Ces crocodiles "étaient détenus dans un enclos abandonné dans des conditions déplorables qui constituaient de la maltraitance animale, avec un accès insuffisant à la nourriture, ce qui les avait poussés à adopter un comportement cannibale", a assuré le Cogat, l'organisme de défense israélien qui gère les affaires civiles en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.
Après des discussions avec des experts vétérinaires, il a été décidé que le "risque réel pour la vie des habitants de la zone devait être traité immédiatement", a ajouté l'administration civile, qui n'a pas précisé comment les animaux ont été tués.
Ouverte aux touristes dans les années 1990 dans la vallée du Jourdain, la ferme des crocodiles, à Petzael, avait été reconvertie en élevage commercial après une baisse de fréquentation liée à la seconde Intifada.
En 2013, une loi interdisant l'élevage d'animaux sauvages pour la revente de leur peau a entraîné la fermeture du site, alors laissé à l'abandon.
Gadi Bitan, propriétaire de la ferme depuis plus de 30 ans, a affirmé au média israélien Ynet n'avoir pas été averti de l'abattage, survenu dimanche.
"C'était une exécution pure et simple", a-t-il dénoncé, expliquant que son employé, sur place, s'est vu confisquer son téléphone portable pendant l'opération.
"Ces animaux étaient en bonne santé, nourris, et aucun accident grave n'a jamais été signalé à la ferme", a-t-il assuré.
"Cet acte constitue un massacre cruel et injustifiable d'animaux protégés", a dénoncé l'ONG israélienne Let the Animals Live, qui rappelle qu'Israël est signataire de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES).
L'association a demandé l'ouverture immédiate d'une enquête.
Des vidéos diffusées au printemps avaient montré des adolescents israéliens jetant des pierres sur des crocodiles de la ferme.
Depuis sa fermeture officielle, certains des sauriens s'en seraient échappés à plusieurs reprises, inquiétant les habitants et visiteurs des réserves naturelles alentours.
Le Cogat souligne que "plusieurs incidents" ont été signalés, où "des crocodiles se sont échappés de la ferme vers des communautés et des réserves naturelles voisines, posant ainsi une menace réelle et immédiate pour les habitants" du coin.
"Depuis que la loi a été modifiée en 2013, désignant le crocodile du Nil comme un animal sauvage protégé et interdisant son commerce (en tant qu'espèce sauvage en captivité), l'administration civile a fait des tentatives répétées pour aider le propriétaire de la ferme à trouver des solutions pour les animaux abandonnés, mais ces efforts" ont été vains, vu le manque de coopération" du propriétaire des lieux, qui "n'a entrepris aucune action".
La même administration a tenté, à ses frais, de reconstruire des clôtures de la ferme ces dernières années mais "cela n'a pas suffit", toujours selon le Cogat.
"Après 12 ans de recherche de solutions et à la lumière des événements récents indiquant un danger immédiat et grave pour la vie humaine, il a été déterminé que le danger devait être traité sans délai", a encore justifié le Cogat.
L'organisme ne précise pas par ailleurs le sort des dépouilles des 200 animaux appartenant à une espèce qui atteint facilement les quatre mètres de longueur pour plus de 500 kilos.
V. Duarte--JDB