
Wimbledon: Laura Siegemund, une doyenne bondissante

Elle a célébré sa qualification en bondissant de joie, puis secoué la tête comme pour chasser un mauvais rêve, mais l'Allemande Laura Siegemund (104e mondiale) disputera bien un quart de finale à Wimbledon, à 37 ans et pour la première fois.
La doyenne actuelle du tableau féminin a déjoué la pluie, les orages et un match piégeux contre la "lucky loser" argentine Solana Sierra, voisine au classement WTA (101e), alors une fois le succès assuré, elle s'est autorisée ce "bref moment de pur bonheur".
Mais très vite, elle a mis l'euphorie naissante en sourdine, car "il reste du travail à accomplir, ce n'est pas encore terminé", a-t-elle raconté dans une petite salle de presse bondée, dimanche.
La suite s'annonce particulièrement relevée avec la N.1 mondiale Aryna Sabalenka sur son chemin, mais le Petit Poucet de 1,68m préfère en rire: "le seul point positif, c'est que je n'ai absolument rien à perdre !".
Siegemund a déjà gagné bien plus qu'espéré à Wimbledon, où elle n'avait jamais fait mieux qu'un deuxième tour en cinq apparitions auparavant.
La diplômée en psychologie attendait depuis cinq ans de rejouer un quart de finale en Grand Chelem (Roland-Garros en 2020, lors d'une édition décalée à l'automne par le Covid-19) et depuis quatre ans de rejouer un quart sur gazon (Bad Homburg en 2021).
Contrairement à ses habitudes, cette adepte de la terre battue a choisi de s'aligner sur les tournois de préparation à Wimbledon, notamment au WTA 250 de Nottingham, pour trouver des repères sur la si délicate surface verte.
Le choix s'est avéré payant, comme au troisième tour contre la lauréate de l'Open d'Australie Madison Keys (8e), balayée 6-3, 6-3 en une heure et demi.
- "Constante dans ma bizarrerie !" -
Ses victimes sont souvent déstabilisées par son jeu "inhabituel", comme elle le décrit elle-même, entre slices et changements de direction.
"C'est gênant, reconnaît sa prochaine adversaire Sabalenka, mais j'ai affronté beaucoup de joueuses pénibles à jouer. L'essentiel sera de ne pas trop me précipiter, ne pas être frustrée par son jeu et me concentrer sur moi-même".
La Bélarusse devra aussi garder son calme face à une joueuse parfois capable de faire sortir ses adversaires de leurs gonds, notamment en jouant la montre sur son jeu de service.
L'intéressée ne le nie pas mais estime qu'il s'agit de "mauvaises" manies plutôt que de mauvaises intentions.
"Je n'aime pas nécessairement ou ne cherche pas à créer des problèmes, ce n'est pas mon but", a voulu clarifier Siegemund dimanche. "Je sais que j'ai des habitudes, disons, très controversées. La seule chose que je puisse dire à leur sujet, c'est qu'elles me concernent, moi. Je n'essaie pas de déranger qui que ce soit, même si cela peut être interprété ainsi".
Et d'insister, rires à la clé: "disons que je suis plutôt constante dans ma bizarrerie ! Je le fais pour moi et non contre les autres, mais cela mène parfois à la confrontation".
L'Américaine Coco Gauff, N.2 mondiale et récente lauréate de Roland-Garros, s'est montrée particulièrement agacée par ses comportements dans le passé. Sabalenka est prévenue et compte bien rester dans sa bulle face à l'ancienne 27e mondiale (en 2016), lauréate en double de l'US Open 2020 et des Finales WTA en 2023.
"Je lui montrerai qu'elle ne me dérange pas", assure la prétendante au titre. "Je vais me concentrer sur moi-même, j'espère vraiment que je ne vais pas perdre mon énergie avec ce qui se passe de l'autre côté du filet".
X. do Nascimento--JDB