
Euro-2025: Olga Carmona et l'Espagne gardent "la tête froide"

"Tout le monde nous considère comme les favorites de l'Euro-2025, mais nous gardons la tête froide", assure à l'AFP Olga Carmona, l'une des fortes personnalités de l'Espagne, qui a tout vécu avec la Roja, du drame à l'apothéose.
Passée du Real Madrid au Paris Saint-Germain avant le début de la compétition pour "sortir de (sa) zone de confort", explique-t-elle à l'AFP, la latérale gauche est à 25 ans une des stars du football féminin, seule buteuse de la finale du Mondial-2023 en Australie, contre l'Angleterre (1-0).
Ce but, "je l'ai revu beaucoup, beaucoup de fois, confesse-t-elle dans un grand sourire. Et puis tout le monde me le rappelle. Je le connais par cœur: je revois comment a commencé l'action, la passe de Mariona (Caldentey), je me souviens de tout! C'était mon anniversaire il y a quelques jours (le 12 juin, NDLR), les gens m'en reparlaient comme du but le plus important de l'Espagne."
Sa mère, qui se prénomme également Olga, raconte qu'elle préfère pour sa part "le but de la demi-finale", une somptueuse frappe pleine lucarne à la dernière minute pour battre la Suède (2-1), qui avait égalisé quelques instants plus tôt.
Mais toute l'Espagne se souvient aussi que le sommet de la carrière d'Olga Carmona a coïncidé avec le tragique. "J'ai vécu un moment magique, puis j'ai eu la mauvaise nouvelle de la mort de mon père", qu'on ne lui a appris qu'après la finale, rappelle-t-elle.
- "Mon père aurait aimé me voir heureuse" -
"Ca a été très dur, mais j'ai toujours dit dans des interviews que j'avais essayé, malgré la situation, de profiter de ce moment, car je pense que mon père aurait aimé me voir heureuse et vivre cet instant, alors j'ai fait ce que j'ai pu", ajoute-t-elle.
Elle fait partie de celles dont la passion pour le ballon rond a toujours été soutenue par sa famille.
"J'ai commencé à jouer au football avec mes deux frères dans le club de mon quartier, Polideportivo Sevilla Este, rembobine-t-elle. Il y a même eu une saison où nous jouions tous ensemble. Ce sont des souvenirs très chers".
Fran "âgé d'un an de plus que moi, est défenseur, il joue à Ourense (en 3e division), mon jumeau (Tomas, gardien) a dû arrêter sa carrière en raison d'une vilaine blessure à un genou . Nous avons des liens très forts tous les trois, quand je joue un match important, ils essayent d'être là".
Après s'être essayée à la natation, et aussi au flamenco comme beaucoup de petites sévillanes, elle a commencé le foot à 7 ans et y a gravi tous les échelons, gagnant l'Euro-2018 en U17, avant d'enfiler le brassard de capitaine du Real Madrid.
- "Favorites" -
Pour poursuivre son ascension, Carmona vise désormais le titre européen, après avoir échoué au pied du podium olympique aux JO de Paris face à l’Allemagne (1-0) — un revers pour une sélection pourtant considérée comme la meilleure du monde, portée par les Ballons d’Or Aitana Bonmatí et Alexia Putellas.
"Championnes du monde, c'est une fierté mais aussi une responsabilité. Tout le monde nous considère comme les favorites de l'Euro, mais nous gardons la tête froide", assure-t-elle.
L'arrière-gauche sait aussi défendre quand elle est interrogée sur l'affaire du baiser forcé à Jennifer Hermoso, dont la résonance a parfois éclipsé l'exploit du titre mondial.
"Oui, ça a été compliqué pour toutes les joueuses, résume Carmona, mais je crois que c'est du passé, l'équipe se sent maintenant très bien et a très envie de jouer cet Euro."
L'absence de Hermoso de la liste pour la Suisse a encore fait couler un peu d'encre, même si elle n'a plus été appelée depuis plusieurs mois. Mais la néo-parisienne esquive encore la polémique: "Malheureusement, tout le monde ne peut pas être retenu, c'est une décision de Montse (la sélectionneuse Montserrat Tomé)", conclut celle qui se "considère comme une joueuse avec beaucoup de personnalité".
A.S. Leite--JDB