
Escrime: Eva Lacheray, une lueur d'espoir pour le fleuret féminin

Première française au classement mondial (9e), l'escrimeuse Eva Lacheray incarne du haut de ses 25 ans la reconstruction d'une équipe de France féminine de fleuret revenue sans médaille des JO de Paris et qui a dû s'adapter à l'absence d'Ysaora Thibus.
Avant les championnats d'Europe qui débutent samedi à Gênes (14-19 juin), la fleurettiste se dit "en mission" pour revenir médaillée, un an après avoir échoué au stade des quarts de finale en individuel.
Elle arrive pour cela avec les certitudes acquises par sa troisième place gagnée lors de l'étape de Coupe du monde au Caire (Egypte) en mars - son premier podium personnel - où elle a éliminé sur son chemin la double championne olympique et N.1 mondiale Lee Kiefer.
"Savoir que je suis capable de faire un match où mon niveau est constant, et de le réitérer plusieurs fois dans une journée, ça donne confiance", a-t-elle expliqué lors d'un point presse à Paris en début de semaine.
Une preuve du changement de dimension de la tireuse de 25 ans, qui a su faire évoluer son entraînement après la déception des Jeux de Paris, où elle a été éliminée en huitièmes de finale en individuel et dès le premier tour de l'épreuve par équipe.
Elle n'avait pourtant "pas très bien abordé l'après-JO", en reprenant la compétition dès le mois d'octobre: "je n'ai pas fait une pause assez longue, la saison a été éprouvante mentalement".
Certaines athlètes ont même "explosé en vol" autour du mois de février, après avoir connu une perte de motivation, explique l'entraîneur national du fleuret féminin Yann Détienne.
Eva Lacheray a elle choisi de quitter provisoirement la structure de l'Insep à Paris pour s'entraîner dans son club de Montbéliard.
"Je me suis retrouvée seule pour faire une introspection et savoir ce je voulais vraiment au niveau de l'entraînement et en compétition (...) cela m'a permis de connaître mes limites et d'apprendre à m'adapter. J'ai beaucoup appris", assure celle qui compte cinq "top 16" au cours de la saison 2024/2025.
- S'adapter sans Thibus -
A Gênes, elle pourrait ainsi s'imposer comme une des figures de l'arme, alors que l'une de ses têtes d'affiches, Ysaora Thibus, sortie en 2024 d'une saison éprouvante marquée notamment par une longue procédure antidopage, n'a pas encore repris la compétition.
Suspendue l'an passé pour un contrôle anormal à un agent anabolisant, puis innocentée par le tribunal antidopage de la Fédération internationale d'escrime - l'Agence mondiale antidopage a ensuite fait appel de sa non-suspension et une décision reste attendue - la championne du monde en titre s'était blessée au genou dès son retour aux championnats d'Europe à Bâle et a été opérée en octobre.
Elle est depuis "en pleine ré-athlétisation", indique Yann Détienne.
Alors cette saison, Pauline Ranvier et Anita Blaze ont dû s'adapter à l'absence de Thibus, avec qui elles ont partagé plus de dix ans de sélection. Eva Lacheray a aussi obtenu un "nouveau rôle", avec plus de responsabilités en Coupe du monde, confortée par sa place de numéro une française.
"Tout le monde connaît son rôle, il y a beaucoup de confiance dans cette équipe", souligne l'intéressée, quand Détienne assure que "la mayonnaise prend bien" dans "un groupe jeune, où nos plus anciennes sont encore là".
C. Marques--JDB