
Tennis: les femmes de retour au Queen's, après un demi-siècle d'exil

Après cinquante-deux ans d'absence, le circuit féminin de tennis a enfin refoulé lundi l'herbe du Queen's, tournoi londonien emblématique faisant office de préparation à Wimbledon, avec la vedette locale Emma Raducanu en reine de la première journée.
La poussière de Roland-Garros à peine retombée, la saison sur gazon a débuté dans l'ouest de Londres, et de manière historique puisque les femmes sont de retour au Queen's pour la première fois depuis 1973.
Le tournoi, mixte jusqu'à cette année-là, a ensuite été réservé aux hommes, tandis que le circuit féminin se trouvait un autre point de chute, à Eastbourne, sur la côte sud de l'Angleterre.
Mais la Fédération britannique de tennis (Lawn Tennis Association) a récemment changé son fusil d'épaule. Son objectif: redonner un coup de projecteur sur le plateau féminin, au tout début de la saison sur herbe, la semaine précédent la venue des hommes.
Ces derniers n'ont pas tous apprécié la démarche, selon des indiscrétions distillées dans la presse britannique. Certains auraient notamment exprimé des craintes concernant l'état de la pelouse.
Les organisateurs ont dû s'employer pour déminer toute polémique naissante. Ils ont aussi dû faire face, au dernier moment, au forfait des deux têtes d'affiche, la Japonaise Naomi Osaka et l'Américaine Jessica Pegula.
Le plateau conserve cependant de l'attrait avec la Tchèque Barbora Krejcikova, sacrée à Wimbledon l'an dernier, et l'Américaine Madison Keys, titrée en janvier à l'Open d'Australie. La Chinoise Zheng Qinwen, actuelle N.5 mondiale, est aussi de la partie.
- Un autre monde -
La vedette du jour, lundi, c'était pourtant Emma Raducanu, la Britannique qui a écrit l'histoire en remportant à 18 ans l'US Open en 2021, pour sa première apparition et après être passée par les qualifications.
Les spectateurs ont fait la queue pendant une heure pour voir la star associée à sa compatriote Katie Boulter au premier tour du double.
"J'adore jouer sur ces petits courts où l'on sent vraiment le soutien du public", a-t-elle raconté après coup. "J'étais en train de remplir ma bouteille et je discutais littéralement (avec des personnes) dans les gradins, tellement c'est proche. C'est vraiment très agréable"".
Les problèmes de dos qui perturbent régulièrement la joueuse aujourd'hui âgée de 22 ans n'ont pas gâché son retour au Queen's, qu'elle fréquentait étant petite.
"Quand je venais avec mon père, j'étais plus intéressée par les brownies (au chocolat) qui se trouvaient autour du terrain que par le tennis! Revenir ici maintenant pour y disputer des matches, c'est incroyable", a déclaré la 37e joueuse mondiale.
Raducanu peut rêver de devenir la successeuse tant attendue d'Olga Morozova, dernière championne sacrée au Queen's.
Quand la Russe a triomphé, en 1973, c'était un autre monde. Les participantes arrivaient au tournoi en métro, elles devaient parfois se déporter sur un court en bois, à l'intérieur, quand la pluie jouait les trouble-fête, et le lauréat repartait avec seulement 1.000 livres sterling pour récompense de ses efforts.
La gagnante de la finale, dimanche, recevra un chèque de 120.000 livres sterling (plus de 142.000 euros).
Le montant de la dotation totale du tournoi féminin (1,043 million de livres), cependant, a fait débat avant le début de la compétition, étant inférieur de moitié à celui des hommes.
En réponse aux critiques, la Lawn Tennis Association s'est engagée à ce que le tournoi féminin soit doté d'une dotation égale d'ici à 2029.
Y. Machado--JDB