
Tour d'Italie: Prodhomme fait briller la France, Del Toro se rapproche

Nicolas Prodhomme a offert à la France sa première victoire dans la 108e édition du Tour d'Italie en décrochant l'étape reine en solitaire vendredi à Champoluc où Isaac Del Toro s'est rapproché de la victoire finale.
A deux jours de l'arrivée du Giro à Rome, le suspense reste entier au classement général alors qu'il reste encore une étape de montagne samedi. Le peloton devra y escalader le terrifiant colle de Finestre, un monstre de 18,5 km à 9,2% de moyenne, dont les huit derniers kilomètres ne sont pas asphaltés.
Le Mexicain Isaac Del Toro, deuxième vendredi, reste en position de force après avoir encore grappillé quelques secondes de bonifications. Il devance désormais l'Equatorien Richard Carapaz de 43 secondes et le Britannique Simon Yates de 1:21.
Ce n'est pas forcément énorme lorsqu'on se rappelle que Simon Yates avait perdu plus de... 38 minutes dans le Finestre en 2018 alors qu'il portait le maillot rose lors d'une étape mémorable où Chris Froome avait complètement renversé le Giro.
"Cela avait été une étape incroyable. On verra comment ça se passe pour moi demain. Ca peut être magique", a souligné Del Toro, 21 ans.
Nicolas Prudhomme sera, lui, totalement libéré après avoir signé un chef d'oeuvre en montagne vendredi lors d'une étape à cinq ascensions dans le décor magnifique du Val d'Aoste, à l'ombre du mont Cervin.
- "J'ai pris des risques" -
Sous une forte chaleur, le grimpeur normand de l'équipe Décathlon-AG2R a d'abord pris place dans un grand groupe d'échappés en compagnie de deux autres Français, Romain Bardet et David Gaudu, qui ont rapidement lâché prise.
Prodhomme avait lui des jambes de feu et a accéléré une première fois à 57 km du but, suivi seulement par l'Espagnol Carlos Verona et l'Italien Antonio Tiberi.
Trente kilomètres plus loin, il avait toujours des fourmis dans les jambes et s'est alors envolé seul dans le redoutable col de Joux pour un long raid solitaire.
"J'ai pris des risques", a-t-il expliqué.
Jusqu'au bout, il est resté sous la menace d'un déclenchement des grandes manœuvres dans le petit peloton des favoris.
Mais ceux-ci sont restés sages, hormis Carapaz dont l'accélération dans la dernière ascension a décroché tout le monde sauf Del Toro qui s'est dit "un peu surpris" du peu d'entregent de ses rivaux.
Devant, Prodhomme avait suffisamment d'avance pour avoir le temps de fêter sa victoire en coupant la ligne 58 secondes devant Del Toro et Carapaz, suivis par le reste des favoris une vingtaine de secondes plus tard.
- Passé pro sur le tard -
C'est seulement le deuxième succès pour le coureur de 28 ans, qui gagne une place au général pour s'installer à la 16e place, à 24 minutes du maillot rose.
Il avait décroché le premier il y a un mois lors de la 5e étape du Tour des Alpes où il était arrivé ensemble avec son jeune coéquipier Paul Seixas qui ne lui avait pas disputé la victoire.
"J'ai attendu longtemps une victoire et là j'en gagne deux en trois semaines, c'est incroyable", a-t-il dit.
"C'est vrai que j'ai 28 ans, mais je suis passé pro sur le tard, a-t-il raconté en conférence de presse. J'ai été stagiaire dans trois équipes. J'ai fait un bac pro et un BTS en apprentissage où ce n'était pas facile d'optimiser le sport de haut niveau. Alors gagner une étape du Giro, c'est juste énorme."
Son directeur sportif Didier Jannel était aux anges. "C'est un gars qui est toujours au sacrifice du collectif, prêt à se démener corps et âme pour un leader. Aujourd'hui, il mérite amplement sa victoire."
Révélé sur le tard, libéré par sa victoire fin avril, Prodhomme a profité d'avoir "carte blanche" sur ce Giro pour se montrer très actif depuis le départ. Vendredi, cela a payé au-delà de ses rêves.
A. Nunes--JDB