
Tour d'Italie: Wout Van Aert, la rédemption sur les chemins blancs

Maudit depuis un an, Wout Van Aert a renoué avec la victoire dimanche à Sienne en remportant une 9e étape du Tour d'Italie palpitante sur les chemins blancs des Strade Bianche où Primoz Roglic a perdu gros.
La manière dont le Belge s'est étalé de tout son long, les cheveux gris de poussière, transi de fatigue et ivre de bonheur, en disait long sur l'intensité de la bataille mais aussi son soulagement d'avoir enfin mis fin à une longue série de déceptions.
"Cette victoire signifie énormément pour moi, je ne sais même pas décrire ce que je ressens. Gagner après une longue période sans victoire, c'est un sentiment extraordinaire", a-t-il réagi.
Le coureur de l'équipe Visma s'est imposé au sprint sur la Piazza del Campo de Sienne devant son compagnon d'échappée, le jeune Mexicain Isaac del Toro, nouveau maillot rose, après une dernière montée de la Via San Caterina à couper le souffle.
Del Toro, jeune prodige de 21 ans, avec lequel Van Aert s'était débarrassé du Colombien Egan Bernal et du Tchèque Mathias Vacek à 15 km de l'arrivée, "a été exceptionnel et je me sentais un peu merdique de ne pas relayer", a expliqué le Belge.
"Mais c'est aussi un rival de mon leader Simon Yates pour le général donc je ne pouvais pas", a ajouté Van Aert qui a fait parler son expérience dans les derniers virages, lui qui avait gagné la prestigieuse classique des Strade Bianche sur cette même place en 2020.
- "Envahi par l'acide lactique" -
"Je connais très bien le final mais j'ai failli rater le dernier virage tellement j'étais envahi par l'acide lactique", a-t-il souligné après être allé au bout de lui-même pour lever les bras.
Cette victoire constitue une délivrance pour le Flamand de 30 ans qui a accumulé les chutes et les désillusions depuis plus d'un an.
En 2025, alors que les critiques redoublaient en Belgique, il a su revenir à un excellent niveau après sa grave blessure au genou à la Vuelta où il avait remporté sa dernière victoire en août.
Multipliant les places d'honneur sur les classiques, il lui manquait juste la victoire et elle est venue enfin sur le Giro qu'il avait abordé sur un énième coup d'arrêt, un virus qui l'a couché sur le flanc pendant deux semaines.
Avec ce succès, le cinquantième de sa riche carrière, Van Aert, qui dispute son premier Tour d'Italie, complète sa collection de victoires sur les grands Tours après avoir gagné déjà neuf étapes sur le Tour de France et trois sur le Tour d'Espagne.
"Quelque part il était écrit que ce serait ici à Sienne où ma carrière sur route a commencé en 2018" lors des Strade Bianche, a-t-il dit.
- Roglic, l'autre maudit -
Le bonheur du Belge était partagé par le jeune prodige Isaac Del Toro, vainqueur en 2023 du Tour de l'Avenir, le Tour de France des espoirs, et qui devient le premier Mexicain à endosser le maillot rose.
"C'est incroyable", a-t-il commenté.
Au classement général, il compte une avance conséquente de 1:13 sur l'Espagnol Juan Ayuso, son leader chez UAE, qui a terminé l'étape environ une minute derrière Van Aert dans un petit groupe rassemblant presque tous les principaux favoris.
Mais pas Primoz Roglic, autre grand maudit du cyclisme mondial, qui a perdu très gros dans cette étape courue comme une classique, avec des coureurs éparpillés un peu partout et des incidents de course à tous les étages, dans un nuage de poussière.
Victime d'une chute puis d'une crevaison, le Slovène n'a jamais réussi à recoller au groupe des autres leaders et pointe désormais au 10e rang du général, à 2:25 minutes de Del Toro.
"C'est comme ça, je ne me sentais pas super bien après la chute. Parfois on perd, parfois on gagne. On fera les comptes à la fin. Là, je vais d'abord panser mes plaies", a déclaré le vainqueur du Giro 2023.
G. Lopes--JDB