
Agression d'un médecin à Lille: deux hommes condamnés à un an de prison ferme

Deux hommes de 22 et 29 ans, ont été condamnés à un an de prison ferme, pour avoir agressé un médecin de SOS Médecins à Lille, après que la soeur de l'un d'eux est rentrée en pleurs d'une consultation.
Les deux prévenus, un oncle et son neveu vêtus de t-shirts noir et blanc ont été reconnus coupables de "violence aggravée" en réunion, suivie d'incapacité n'excédant pas huit jours.
Le tribunal a suivi les réquisitions du parquet et les a condamnés à 12 mois d'emprisonnement ferme, peine avec bracelet. Ils sont également condamnés à 1.000 euros de dommages pour préjudice moral et interdiction de paraître à l'antenne de SOS Médecins.
L'agression commise le 2 juillet en fin de journée à l'antenne lilloise de SOS Médecins, à Lille-Moulins (sud de la ville) avait entraîné une grève de SOS médecins, qui avait évoqué une "expédition punitive".
A l'audience, ils ont reconnu partiellement les faits, et exprimé des regrets. Selon des témoins, plusieurs fois, ils auraient traité le médecin de "pédophile". A la barre, le plus jeune a reconnu qu'"il n'y a aucune logique à dire pédophile, ma soeur est majeure".
Sans antécédents judiciaires, les deux hommes, le plus âgé travaillant dans l'hôtellerie, le plus jeune étudiant et ambulancier, ont expliqué être venus pour des explications avec le médecin après que le plus jeune eut appris que sa soeur, 21 ans, était rentrée d'une consultation en pleurs.
La jeune femme avait été reçue pour des maux de ventre en début d'après-midi par ce médecin, exerçant depuis 26 ans à l'antenne lilloise de SOS Médecins.
Elle aurait dit à sa mère au téléphone que le médecin l'avait questionnée, lui avait posé la main sur le ventre, et suggéré de perdre du poids.
Elle a depuis porté plainte pour agression sexuelle, a indiqué la présidente du tribunal.
"Je reconnais que ce qui a été fait n'est pas à faire, s'introduire dans un cabinet médical, c'est quelque chose qu'on regrette" a déclaré le plus jeune, fines lunettes et cheveux mi-longs.
Ayant entendu la conversation téléphonique entre sa soeur et sa mère, il s'est rendu chez SOS Médecins avec son oncle, faisant irruption dans le cabinet du médecin en obligeant des patients présents à partir.
Le médecin, insulté, reçoit du plus jeune, boxeur confirmé, trois coups au front, et un coup de la paume du plus âgé, avant qu'un autre médecin fasse fuir le duo.
"On est dans un dossier où il n'y a que la connerie humaine" a déclaré à la barre la victime, chemise claire et cheveux gris. "Le simple fait de dire non, c'est quelque chose qui est extrêmement pénible", a-t-il ajouté.
Pour l'avocat du conseil de l'ordre des médecins du Nord et l'ordre national, Florian Munga et sa consoeur Julien Paternoster cette audience a été "très éprouvante pour tous les médecins. Les médecins ont un message a faire passer: plus jamais ça".
Dans ses réquisitions, la procureure a estimé que les prevenus avaient présenté des "des excuses de façade". "Ils débarquent à SOS médecins, utilisent un faux prétexte" sont "décrits avec un ton agressif", insultent le médecin, disent "on va te tuer" au standardiste. Selon la procureure, ils voulaient "régler leurs comptes pour des prérogatives qu'ils se sont arrogées de justiciers".
M.A. Pereira--JDB