Poutine assure que la Russie est "prête" si l'Europe veut la "guerre"
Vladimir Poutine a averti mardi que la Russie était "prête" à la "guerre" dans l'éventualité où l'Europe lancerait des hostilités contre elle, juste avant une réunion très attendue à Moscou avec les émissaires américains pour des pourparlers sur l'Ukraine.
Le président russe, qui a lancé une offensive à grande échelle contre son voisin ukrainien en février 2022, expose à l'envi son dédain pour l'Union européenne, alliée de Kiev, et rejette son rôle dans les négociations en vue d'un plan de paix.
"Nous n'avons pas l'intention de faire la guerre à l'Europe, mais si l'Europe le souhaite et commence, nous sommes prêts dès maintenant", a lancé M. Poutine aux journalistes, en marge d'un forum économique à Moscou.
Il a accusé les Européens de vouloir "empêcher" les efforts américains visant à mettre fin à la guerre en Ukraine. "Ils n'ont pas de programme de paix, ils sont du côté de la guerre", a-t-il ajouté.
Des propos qui tranchent avec ceux du chef de l'Otan, Mark Rutte, qui s'est dit peu avant convaincu que les efforts américains en Ukraine "finiront par rétablir la paix en Europe". Ce conflit est le plus meurtrier en Europe depuis la Deuxième Guerre mondiale.
La veille, Washington s'est dit "très optimiste" malgré l'intransigeance persistante du dirigeant russe qui devait recevoir l'émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, et le gendre du président américain, Jared Kushner, au Kremlin en fin d'après-midi.
Une délégation de Kiev pourrait rencontrer mercredi les deux responsables américains en Europe après ces pourparlers, selon une source ukrainienne à l'AFP.
- "Paix juste et durable" -
De son côté, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, sous forte pression politique et diplomatique, a accusé la Russie d'utiliser les pourparlers actuels pour tenter "d'affaiblir les sanctions" visant Moscou.
Il a appelé à la fin de la guerre et pas "seulement à une pause" dans les combats, lors d'un déplacement en Irlande.
Les Etats-Unis ont annoncé fin octobre des sanctions contre deux géants du secteur des hydrocarbures russes, Rosneft et Lukoil, les premières sanctions d'importance prises par Donald Trump contre la Russie depuis son retour au pouvoir.
Le dirigeant ukrainien a reçu lundi à Paris un soutien appuyé de son homologue français Emmanuel Macron, qui a réaffirmé la mobilisation des Européens pour obtenir "une paix juste et durable".
S'il a salué "l'effort de médiation" des Etats-Unis, M. Macron a estimé qu'il n'y avait "pas aujourd'hui à proprement parler un plan qui soit finalisé".
Selon une conversation téléphonique révélée fin novembre par Bloomberg, Steve Witkoff a donné des conseils à Iouri Ouchakov, conseiller diplomatique du président russe, sur la manière d'introduire auprès du président américain un plan de règlement du conflit en Ukraine.
Le président ukrainien a affirmé lundi s'attendre à présent "à une discussion avec le président des Etats-Unis sur des questions clés", après que le négociateur ukrainien Roustem Oumerov a fait état de "progrès significatifs" sur le projet de plan américain, bien que des "ajustements" soient encore nécessaires.
- Semaine "cruciale" pour Kiev -
Ces discussions se sont déroulées alors que les forces russes ont réalisé en novembre leur plus grosse progression sur le front en Ukraine depuis un an, selon l'analyse par l'AFP des données fournies par l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW), qui travaille avec le Critical Threats Project (CTP, émanation de l'American Enterprise Institute), deux thinks tanks américains spécialisés dans l'étude des conflits.
En un mois, la Russie a pris 701 km2 aux Ukrainiens, la deuxième avancée la plus importante après celle de novembre 2024 (725 km2), en dehors des premiers mois de guerre au printemps 2022.
La Russie a revendiqué lundi la prise de la ville de Pokrovsk dans l'est de l'Ukraine, un nœud logistique clé pour Kiev, ainsi que celle de Vovtchansk, dans le nord-est. Mais l'Ukraine a affirmé mardi que les combats à Pokrovsk se poursuivaient.
En novembre, la Russie a tiré plus de missiles et de drones lors de ses attaques nocturnes sur l'Ukraine que durant le mois précédent, soit un total de 5.660 missiles et drones longue portée (+2%).
En interne, le président ukrainien est affaibli par un vaste scandale de corruption qui a contraint son puissant chef de cabinet, Andriï Iermak, à la démission vendredi.
La semaine s'annonce "cruciale" pour l'Ukraine, a estimé la cheffe de la diplomatie de l'Union européenne Kaja Kallas.
Les Etats-Unis ont présenté il y a dix jours un premier projet en 28 points très favorable à Moscou, rédigé sans les alliés européens de Kiev et censé mettre fin au conflit déclenché par l'offensive russe contre l'Ukraine en février 2022.
Washington a ensuite amendé ce projet avec Ukrainiens et Européens, avant de le retravailler en bilatéral avec les Ukrainiens dimanche en Floride.
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L. de Freitas--JDB