CGT, FSU et Solidaires peinent à mobiliser contre l'austérité budgétaire
La journée d'"alerte" contre l'austérité budgétaire et pour les salaires ne fait pas le plein: la mobilisation à l'appel de trois syndicats, dont la CGT, reste mardi bien en-deçà de celles constatées lors des manifestations de septembre et octobre.
Avec un trafic ferroviaire quasi-normal et peu d'enseignants grévistes, le mouvement est resté peu visible pour les Français.
A Paris, un cortège clairsemé s'est élancé vers 14H00 de la place de la Bourse, a constaté l'AFP. "On dégraisse, ils engraissent, changeons de régime" et "pour un budget de progrès social", pouvait-on lire sur des pancartes.
Lors des dernières journées de manifestation sur le même thème, à l'appel d'une intersyndicale plus large incluant notamment la CFDT et FO, le ministère de l'Intérieur avait décompté à Paris 55.000 personnes (le 18 septembre) puis 24.000 personnes (le 2 octobre).
Mardi, les syndicats annonçaient quelque 150 rassemblements et cortèges à travers la France.
A Nantes, au moins 1.500 personnes selon les syndicats, 750 selon la préfecture, ont défilé en fin de matinée derrière une banderole "on prend la rue pour sortir de l'impasse".
A Rennes, une journaliste de l'AFP a dénombré quelques centaines de manifestants. Catherine Jossé, 57 ans, professeure dans le premier degré, affiliée FSU, s'est mobilisée pour demander "autre un budget, pour le service public". Elle explique que les mesures d'austérité touchent beaucoup les femmes, à la fois très présentes dans certains métiers comme l'enseignement et premières utilisatrices des services publics.
- "Décisifs" -
"À partir d'aujourd'hui, le projet de loi de financement de la Sécurité Sociale est dans sa dernière lecture à l'Assemblée nationale, ce qui signifie que tous les votes vont être décisifs pendant les 15 prochains jours", a souligné la cheffe de file de la CGT Sophie Binet avant le départ du cortège parisien, enjoignant salariés, retraités et jeunes à "interpeller les parlementaires pour les appeler à retirer toutes les horreurs qui polluent ce projet de budget".
Les députés devraient ré-indexer sur l'inflation les minima sociaux et pensions de retraite et suspendre de nouveau la réforme des retraites, une mesure annulée par le Sénat.
Autre point brûlant: les franchises médicales, reste à charge payé par les patients par exemple sur les médicaments, que le gouvernement entend doubler par décret. Le Premier ministre rencontre mardi le groupe écologiste, qui appelle à renoncer à cette mesure et dont le vote pourrait être décisif pour le budget de la Sécurité sociale.
"Il faut un budget, mais pas à n'importe quel prix", a souligné sur France Inter Sophie Binet.
"On est aussi tout à fait responsable et conscient qu'il est nécessaire de réduire le déficit", a assuré la secrétaire générale de la FSU, Caroline Chevé, dans le cortège parisien. Mais "réduire le déficit, ça ne peut pas se faire sur le dos des services publics, (...) de l'hôpital, de l'école ou de celles et ceux, dans les collectivités territoriales, qui sont en charge des politiques sociales".
Le ministère de l'Éducation nationale a annoncé un taux de grévistes de 5,27% chez les enseignants.
Dans la matinée, le trafic ferroviaire était quasi-normal, conformément aux prévisions de la veille, avec des perturbations concentrées sur les régions Centre-Val de Loire et Occitanie, a indiqué la SNCF à l'AFP.
En Ile-de-France, seul le RER C est légèrement perturbé, avec 9 trains sur 10 en circulation.
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E. da Cruz--JDB