Trump veut réclamer jusqu'à 5 milliards de dollars à la BBC
Donald Trump a affirmé vendredi qu'il comptait réclamer en justice un montant allant jusqu'à cinq milliards de dollars à la BBC malgré les excuses du géant de l'audiovisuel public britannique, en pleine crise en raison d'un montage vidéo trompeur du président américain.
Le groupe rejette les accusations de diffamation du milliardaire républicain dans cette affaire qui a provoqué le départ de son patron et s'invite désormais dans les relations entre Londres et Washington, alliés très proches. Mais Donald Trump ne compte pas en rester là.
"Nous allons les poursuivre pour (un montant compris) entre un et cinq milliards de dollars, probablement dans le courant de la semaine prochaine. Je pense que je dois le faire. Ils ont même admis avoir triché", a-t-il déclaré à bord d'Air Force One.
La semaine dernière, il avait initialement menacé de réclamer un milliard de dollars en justice, une somme déjà gigantesque représentant 13% des revenus annuels du groupe financé à majorité par la redevance réglée par la population.
L'institution, dont l'audience et la réputation dépasse les frontières du Royaume-Uni, est dans la tourmente depuis des révélations la semaine dernière sur son magazine phare d'information "Panorama". Ce dernier a diffusé, juste avant la présidentielle américaine de 2024, des extraits distincts d'un discours de Donald Trump du 6 janvier 2021 montés de telle façon que le républicain semble appeler explicitement ses partisans à attaquer le Capitole à Washington.
"Les Britanniques sont très en colère contre ce qu'il s'est passé, comme vous pouvez l'imaginer, car cela montre que la BBC, c'est que des infos bidon", a dit le président américain vendredi.
Il a également annoncé qu'il prévoyait d'aborder le sujet avec le Premier ministre britannique Keir Starmer: "Je vais l'appeler ce week-end. Mais il m'a lui-même contacté et il est très gêné."
Interpellé mercredi au Parlement sur le sujet, le dirigeant travailliste, qui se montre soucieux de ménager ses relations avec le président américain, avait promis de "défendre une BBC forte et indépendante". Tout en évitant soigneusement de dire s'il comptait demander à Donald Trump de renoncer à son attaque en diffamation.
- Impartialité -
Le président américain a multiplié les menaces et actions en justice contre des médias américains mais jamais contre des médias étrangers.
Donald Trump et ses avocats avaient donné jusqu'à vendredi au groupe britannique pour s'excuser et retirer le documentaire incluant le montage incriminé.
Le président de la BBC, Samir Shah, a envoyé jeudi à Donald Trump une "lettre personnelle" d'excuses. "Si la BBC regrette sincèrement la manière dont ces images ont été montées, nous contestons fermement qu'il y ait une base légale pour une plainte en diffamation", fait-il toutefois valoir.
Il relève en particulier que le documentaire en question, intitulé "Trump: A second Chance" ("Trump: une deuxième chance"), n'était pas disponible sur le territoire américain et qu'il n'a pas empêché le républicain de se faire réélire.
Il ajoute que le document ne sera plus rediffusé sur une chaîne ou plateforme de la BBC.
Au Royaume-Uni, la controverse a relancé le brûlant débat sur le fonctionnement de l'audiovisuel public et son impartialité, alors que le groupe a déjà été bousculé ces dernières années par plusieurs polémiques et scandales.
L'affaire a poussé dimanche dernier à la démission son directeur général Tim Davie et sa patronne de l'information Deborah Turness.
La BBC a par ailleurs indiqué jeudi examiner un deuxième cas de possible montage trompeur du même discours de Donald Trump, dans un autre programme phare de la chaîne diffusé dès 2022.
Avant son ultimatum, M. Trump avait qualifié les journalistes de la BBC de "corrompus" et "malhonnêtes". La porte-parole du président, Karoline Leavitt, avait aussi appelé les téléspectateurs britanniques à regarder plutôt la chaîne conservatrice GB News.
Cette dernière a publié vendredi soir un entretien avec le président américain qui y défend sa volonté d'attaquer la BBC en justice au sujet du montage trompeur: "Si on ne le fait pas, on ne peut pas empêcher que cela se reproduise avec d'autres."
J.L. de Oliveira--JDB