
Kim, Poutine et Xi rassemblés à Pékin pour un défilé militaire géant

Une image qui devrait entrer dans l'histoire : le président chinois Xi Jinping a accueilli mercredi le président russe Vladimir Poutine et le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un à Pékin avant d'assister en compagnie d'une vingtaine de dirigeants étrangers à un grand défilé militaire commémorant la fin de la Seconde Guerre mondiale.
M. Xi a serré la main tour à tour à M. Poutine puis à M. Kim ainsi qu'aux autres invités à leur arrivée successive. Puis ils se sont mis en marche sur le tapis rouge, M. Poutine immédiatement à la droite de M. Xi et M. Kim à sa gauche, en tête du groupe des dirigeants vers la place Tiananmen pour assister à la parade, selon les images de la télévision.
Le symbole se veut fort : les trois hommes réunis dans la célébration de la victoire sur les menées hégémoniques du Japon et de l'Allemagne nazie au moment où ils sont engagés dans une épreuve de force stratégique avec les Occidentaux, Etats-Unis en tête.
La présence de Kim Jong Un en compagnie de ses deux puissants voisins à ce qui s'annonce comme une démonstration de force chinoise sera une première.
Aucun dirigeant occidental de premier plan n'est annoncé.
Les invités verront pendant 70 minutes les troupes marcher à une impeccable cadence, les avions survoler l'avenue de la Paix éternelle en formations serrées et de nouveaux armements se succéder sur de lourdes remorques.
La capitale chinoise, réveillée sous un ciel bleu voilé, est placée depuis des jours sous très haute surveillance militaire et policière. Un vaste périmètre est fermé à la circulation autour de la place Tiananmen.
- Un grand coup diplomatique -
Jamais depuis son accession au pouvoir fin 2011, Kim Jong Un, avare de sorties hors de son pays reclus et soumis à de lourdes sanctions internationales, ne s'est montré dans une telle réunion de dirigeants étrangers.
C'est pour la Chine un grand coup diplomatique et le point d'orgue d'une séquence de quelques jours au cours de laquelle elle a également accueilli un sommet régional des dirigeants d'une vingtaine de pays eurasiatiques.
Dans un contexte de tensions géopolitiques et de guerre commerciale et malgré les pressions américaines, la Chine montre qu'elle "possède la faculté de rassembler et l'influence politique pour réunir Poutine et Kim", dit Lam Peng Er, chercheur à la National University de Singapour.
"Xi Jinping montre au reste du monde que Kim Jong Un le rencontre volontiers alors qu'il est réticent à rencontrer à nouveau le président Trump et le président sud-coréen Lee Jae Myung", dit-il.
- Une rare sortie de Corée du Nord -
Le président américain Donald Trump a déclenché après son retour à la Maison Blanche une surenchère de droits de douanes réciproques avec la Chine, avant une mise sur pause.
Il vient d'accueillir M. Poutine en Alaska pour tenter de trouver une issue à la guerre en Ukraine. Mais M. Poutine n'a montré aucun signe de conciliation pendant son séjour en Chine commencé dimanche. Au contraire, il a de nouveau imputé la guerre à l'Occident. En Chine, il a affiché son entente avec M. Xi.
M. Trump s'est dit mardi "très déçu par le président Poutine". Mais il n'est "pas préoccupé du tout" par l'alliance sino-russe. "Nous avons les forces militaires les plus puissantes au monde, de loin, et ils n'utiliseraient jamais les leurs contre nous. Croyez-moi, ce serait la pire chose qu'ils puissent jamais faire", a-t-il dit.
Quant à la Corée du Nord, les trois rencontres historiques de M. Trump avec M. Kim en 2018 et 2019 au cours de son premier mandat pour enrayer la menace nucléaire et balistique que fait peser la Corée du Nord sur les alliés régionaux des Etats-Unis sont restées sans lendemain.
M. Kim a pris du recul sur la scène internationale depuis. Il n'a pas quitté son pays depuis un déplacement en Russie en septembre 2023. Ce sera seulement sa neuvième sortie de Corée du Nord depuis son accession au pouvoir, sans compter deux brefs passages dans la zone démilitarisée à la frontière avec la Corée du Sud.
En venant à Pékin, il "démontre aux Nord-Coréens et au monde qu'il a de puissants amis russes et chinois qui le traitent avec respect", dit l'expert Lam Peng Er.
N. Gonçalves--JDB