C'est la rentrée pour les élèves français, sauf dans les Bouches-du Rhône et le Var
"Je voulais rester en vacances", mais "je suis contente de retrouver mes copines" lance Jeanne, 8 ans, devant son école de Courbevoie. Près de 12 millions d'écoliers, collégiens et lycéens font leur rentrée lundi, marquée par des nouveautés et des questions sur la situation gouvernementale.
Pour certains cependant, la rentrée attendra un peu: dans une décision rarissime, elle a été reportée à mardi dans les Bouches-du-Rhône et le Var par les préfets "en liaison avec les autorités académiques" en raison d'une vigilance orange liée à des risques de très fortes pluies.
"C'est important qu'on ne mette pas en risque les familles qui peuvent conduire les élèves à l'école", a justifié sur RTL la ministre de l'Education Elisabeth Borne.
A Courbevoie (Hauts-de-Seine), Vadim a pu lui retrouver normalement le chemin des classes, mais sans entrain: "Je suis fatigué, j'aime pas trop l'école", râle le garçon de 7 ans, qui rentre en CE2.
A Nantes, rentrée sous un franc soleil dans une école élémentaire où Antoine, 10 ans, mèche blonde et sweat zippé, arrive avec le sourire : "j'ai une bonne classe car je retrouve mes potes et que j'ai une maîtresse trop cool."
Au lycée Docteur-Charles-Mérieux de Lyon, les élèves se retrouvent devant les nouveaux portiques équipés de scanners électromagnétiques installés par la région, partagés entre "stress" et "détermination" pour cette nouvelle année.
- 2.500 profs manquants -
Leur plus grosse inquiétude: Parcoursup et le bac, car "là on sent qu'on va nous mettre la pression toute l'année", explique Elya, 17 ans, en terminale.
Depuis les réformes, "il y a toujours des deadlines et c'est compliqué", ajoute Calista.
Pour sa première et potentiellement dernière rentrée comme ministre de l'Education, Elisabeth Borne s'est rendue dans une école élémentaire du 15e arrondissement de Paris. Elle y a visité une classe de CM1, dans laquelle les élèves ont raconté leurs lectures de vacances.
Si la ministre s'affiche sur le terrain, son sort reste très incertain avant le vote de confiance à l'Assemblée le 8 septembre, qui risque d'entraîner la chute du gouvernement.
Sans évoquer son avenir personnel, la ministre a souligné lors de ce déplacement que l'Education nationale était une "priorité" dans un contexte budgétaire très tendu. "C'est l'avenir de notre vie qui se joue à l'école et je pense que cette priorité, elle s'impose", a-t-elle insisté.
Pour autant, "on n'est pas très sereins", souligne Caroline Brisedoux, secrétaire nationale de la CFDT Education. "La perspective de ne pas avoir de ministre et d'envisager des restrictions budgétaires est un peu inquiétante".
Parmi les enjeux, la pénurie d'enseignants inquiète toujours, même si la ministre s'est voulue rassurante sur le fait qu'il y aurait bien des professeurs devant la quasi-totalité des classes.
"On a 99,9% des postes qui sont bien pourvus dans le premier degré, quasiment pas de postes non pourvus dans le second degré", a-t-elle dit, tout en reconnaissant qu'il y aurait "comme chaque année, des heures d'enseignement qui ne sont pas totalement couvertes".
Il y a en cette rentrée "l'équivalent de 2.500 professeurs" manquants, a-t-elle précisé. "C'est moins que l'an dernier".
- "Beaucoup d'élèves par classe" -
"On est extrêmement inquiets qu'il n'y ait pas assez de profs", alors que la crise de recrutement des enseignants perdure, renchérit Grégoire Ensel, vice-président de la fédération de parents d'élèves FCPE.
Clément Cunow, qui accompagne son fils pour sa rentrée de CM2 à Courbevoie, se dit lui aussi préoccupé par "l'état de l'Education nationale". "Ça veut dire très concrètement déjà beaucoup d'élèves par classe", déplore-t-il.
Cette rentrée verra par ailleurs la mise en oeuvre de plusieurs réformes, notamment concernant le "bac Blanquer", plusieurs fois remanié depuis son lancement en 2019 par l'ex-ministre Jean-Michel Blanquer.
Une nouvelle épreuve de mathématiques au bac en première sera lancée.
Elisabeth Borne a par ailleurs annoncé des modifications pour le contrôle continu au bac. Désormais, les notes de première et terminale ne compteront plus toutes dans la note de contrôle continu. Une annonce de dernière minute qui a irrité les syndicats.
"L'objectif, c'est de baisser la pression sur les élèves et sur les professeurs", selon elle.
Autre nouveauté: les élèves ayant obtenu moins de 8 sur 20 ne pourront plus aller au rattrapage du bac. Pour les 3e, le brevet change aussi: l'examen passera de 50 à 60% de la note finale.
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C. Marques--JDB