
Indonésie: mesures de sécurité renforcées avant de nouvelles manifestations

Les autorités indonésiennes ont renforcé les mesures de sécurité lundi avant de nouveaux rassemblements attendus dans la journée, dans le sillage des violentes manifestations à travers le pays qui ont fait six morts ces derniers jours et conduit le président Prabowo Subianto à appeler à la fermeté.
Les manifestations ont débuté dans un calme relatif le 25 août mais ont dégénéré avec la mort jeudi d'un chauffeur de moto-taxi écrasé par un véhicule de police à Jakarta, et dont une vidéo est devenue virale.
Les manifestations se sont depuis étendues à d'autres grandes villes, notamment Yogyakarta, Bandung, Semarang et Surabaya à Java, et Medan dans la province de Sumatra du Nord.
De nouveaux rassemblements, auxquels les étudiants devraient prendre part, sont attendus lundi dans plusieurs villes du vaste archipel indonésien.
Ces protestations sont les plus massives et violentes depuis l'arrivée au pouvoir de Prabowo Subianto en octobre dernier.
Dimanche, dans un discours depuis le palais présidentiel, Prabowo a en partie répondu aux revendications des manifestants, en annonçant la suppression d'une indemnité très décriée qui devait être versée aux députés.
Mais tout en soulignant que "le droit de réunion pacifique doit être respecté et protégé", il a adressé une mise en garde face aux débordements: "Nous ne pouvons nier qu'il existe des signes d'actions illégales, voire contraires à la loi, qui relèvent même de la trahison et du terrorisme".
- "Mesures fermes" -
Le ministre de la Défense Sjafrie Sjamsoeddin a ensuite déclaré que les officiers n'hésiteraient pas à "prendre des mesures fermes contre les émeutiers et les pillards qui ont pénétré dans des zones privées ou des institutions de l'Etat".
Aux incidents lors de manifestations se sont ajoutés ces dernières nuits les pillages de maisons de plusieurs députés et de la ministre des Finances, Sri Mulyani Indrawati.
Lundi, la police a installé des points de contrôle dans Jakarta. Un porte-parole de la police a déclaré dimanche que des agents patrouillaient également dans la ville pour "protéger" les citoyens et leur apporter un sentiment de sécurité.
Le bilan humain des manifestations s'est alourdi à six morts.
Trois personnes sont mortes vendredi à Makassar, sur l'île des Célèbes du Sud, dans l'incendie d'un bâtiment public provoqué par des émeutiers. Une autre personne est décédée vendredi, toujours à Makassar, après avoir été battue par la foule qui soupçonnait cet homme d'être un agent de renseignement, a déclaré dimanche à l'AFP Muhammad Fadli Tahar, responsable de l'agence locale de gestion des catastrophes.
A Yogyakarta (centre), l'Université Amikom a confirmé la mort d'un de ses étudiants, Rheza Sendy Pratama, lors d'une manifestation. Les circonstances de sa mort n'ont toutefois pas été précisées.
Samedi, la plateforme de réseaux sociaux TikTok a annoncé suspendre pour "quelques jours" sa fonctionnalité "live" (direct) en Indonésie, "en raison de l'escalade de la violence lors des manifestations".
En prévision de nouvelles manifestations, de nombreuses écoles de Jakarta ont annoncé que leurs cours se dérouleraient en ligne jusqu'à mardi. Les fonctionnaires de la ville de Jakarta sont eux priés de travailler à domicile.
S. dos Reis--JDB