Les agences de l'ONU appellent à "inonder" Gaza d'aide alimentaire pour éviter la famine
Les agences de l'ONU ont appelé mardi à "inonder" d'aide alimentaire la bande de Gaza, menacée d'une "famine généralisée", où le ministère de la Santé du Hamas a annoncé que la guerre avec Israël avait déjà fait plus de 60.000 morts.
A la faveur d'une pause partielle dans les bombardements annoncée par Israël, de nouvelles cargaisons d'aide humanitaire ont été acheminées mardi dans le territoire palestinien assiégé, mais elles sont jugées insuffisantes par les organisations internationales.
"Nous devons inonder Gaza, immédiatement et sans entrave, d'aide alimentaire massive, et la maintenir chaque jour afin d'éviter une famine généralisée", a déclaré Cindy McCain, directrice du Programme alimentaire mondial (PAM), dans un appel conjoint avec l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et l'Unicef.
"Nous n'avons pas entendu le bruit du missile et soudain, la maison s'est effondrée. Les corps volaient et les gens criaient", a raconté une Palestinienne, Oum Saleh Badr, au milieu des ruines. "Nous ne voulons pas d'aide, nous voulons être en paix. Je ne veux pas être la mère, la sœur ou l'épouse d'un martyr."
Un organisme international soutenu par l'ONU a averti mardi que le "pire scénario de famine est en cours à Gaza", en raison de la guerre, des déplacements massifs de populations et des restrictions à l'aide humanitaire, près de 22 mois après le début de la guerre.
- L'Ethiopie et le Biafra -
"Plus de 20.000 enfants ont été traités contre la malnutrition aiguë entre avril et mi-juillet" et les hôpitaux ont signalé au moins 16 décès d'enfants de moins de cinq ans depuis le 17 juillet, souligne ce rapport de l'IPC (Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire), fruit du travail d'ONG, d'institutions régionales et d'agences de l'ONU.
Pour le PAM, la catastrophe humanitaire à Gaza rappelle les famines en Ethiopie et au Biafra, au Nigeria, au siècle dernier, et "cela ne ressemble à rien de ce que nous avons vu au cours de ce siècle".
Berlin, Paris et Londres pourraient envoyer la semaine prochaine leurs ministres des Affaires étrangères en Israël, a annoncé mardi le chancelier allemand Friedrich Merz. "Nous partons du principe que le gouvernement israélien est tout à fait disposé à reconnaître qu'il faut maintenant agir", a-t-il dit.
Prenant le contre-pied des affirmations du Premier ministre Benjamin Netanyahu, le président américain Donald Trump a lui-même affirmé lundi qu'il y avait des signes d'une "vraie famine" à Gaza.
Le bureau de Benjamin Netanyahu a accusé mardi le Hamas de falsifier les bilans et de piller l'aide alimentaire. "Nous autorisons déjà des quantités importantes d'aide humanitaire à entrer à Gaza chaque jour (...) Malheureusement, le Hamas (...) a volé l'aide destinée à la population, souvent en tirant sur des Palestiniens", a-t-il déclaré.
Selon l'IPC, les parachutages de vivres autorisés depuis dimanche par Israël "ne seront pas suffisants pour inverser la catastrophe humanitaire".
Entretemps, les autorités israéliennes ont annoncé que l'aide transportée par plus de 200 camions avait été distribuée lundi par l'ONU et des agences humanitaires.
Environ 260 autres camions ont été autorisés à entrer à Gaza, ainsi que quatre camions-citernes de l'ONU transportant du carburant, selon elles.
L'ONU estime qu'il faudrait chaque jour au moins 500 à 600 camions de nourriture, de médicaments et de produits d'hygiène pour subvenir aux besoins immenses des plus de deux millions d'habitants du territoire.
- Plus de 60.000 morts -
Début mars, Israël avait totalement interdit l'entrée de l'aide à Gaza, avant d'autoriser fin mai des quantités très limitées.
Mais face à une forte pression internationale, Israël a annoncé dimanche une pause des hostilités durant la journée et dans certains secteurs, à des fins humanitaires, sans préciser sa durée.
L'attaque menée par le Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre, a entraîné du côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 49 restent otages à Gaza, dont 27 ont été déclarées mortes par l'armée.
A Gaza, "le bilan de l'agression israélienne s'élève à 60.034 martyrs" depuis le début de la guerre, a déclaré mardi le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, dont les chiffres sont jugés fiables par l'ONU.
Si Israël cessait la guerre alors que le Hamas est toujours au pouvoir à Gaza et détient des otages, ce serait une "tragédie". "Cela n'arrivera pas", a déclaré mardi M. Saar.
L.M. Cardoso--JDB