
Gaza: 20 morts dans une bousculade à un point d'aide humanitaire

La Fondation humanitaire de Gaza (GHF), soutenue par Israël et les Etats-Unis, a annoncé mercredi la mort de 20 personnes qui attendaient de l'aide, accusant des individus armés d'avoir provoqué "une bousculade", version contestée par des sources palestiniennes.
"D'après les informations dont nous disposons, 19 des victimes ont été piétinées et une autre a été poignardée dans une bousculade chaotique et dangereuse provoquée par des agitateurs dans la foule", a précisé la GHF.
La Défense civile de Gaza a également rapporté la mort de 20 personnes mercredi, mais affirmé qu'elles avaient succombé à des "tirs de l'occupation israélienne" à la suite d'un mouvement de foule parmi les personnes en quête de nourriture dans la zone d'al-Tina, au sud-ouest de Khan Younès, près d'un centre de distribution d'aide".
Un médecin de l'hôpital Nasser de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, avait annoncé plus tôt avoir reçu les corps de neuf personnes, "dont plusieurs enfants", tuées dans ce secteur après des tirs de l'armée israélienne et du personnel de sécurité de GHF.
La GHF a entamé ses opérations à Gaza fin mai et répète régulièrement que ses opérations de distribution à l'intérieur de ses centres se déroulent sans encombre.
Compte tenu des restrictions imposées aux médias par Israël, qui assiège la bande de Gaza, et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans et affirmations des différentes parties.
Sollicitée par l'AFP, l'armée israélienne a dit se renseigner.
- "Aucun progrès" en vue d'une trêve -
Mardi, les Nations unies avaient affirmé que 875 personnes avaient été tuées dans la bande de Gaza alors qu'elles tentaient de trouver de quoi manger depuis le début des opérations de la GHF.
Israël avait assoupli fin mai le blocus hermétique imposé pendant deux mois à la bande de Gaza, où l'armée israélienne est en guerre contre le Hamas depuis l'attaque sans précédent du mouvement islamiste le 7 octobre 2023 en Israël.
L'ONU et les principales organisations humanitaires refusent de travailler avec la GHF, accusée de violer les principes humanitaires.
Dans la cour de l'hôpital Nasser où ont été amenées les dépouilles des personnes tuées près du site de distribution, Abdoullah Alian qui a assisté à la scène a expliqué que "cette aide (était) un piège".
"Ils nous tirent dessus, lancent des bombes et nous aspergent de gaz (lacrymogène) dans les yeux", a-t-il dit.
"Ce qui se passe sur le terrain confirme les intentions et les plans de l'occupation (Israël, ndlr) de maintenir et de prolonger son contrôle militaire dans la bande de Gaza", a commenté un membre du bureau politique du Hamas, Bassem Naïm.
Par ailleurs, un haut responsable du Hamas ainsi que deux sources palestiniennes proches des négociations indirectes avec Israël ont démenti mercredi les informations publiées par des médias israéliens selon lesquelles les pourparlers en vue d'une trêve à Gaza progressaient.
"Aucun progrès n'a été réalisé jusqu'à présent dans les négociations indirectes en cours à Doha entre les délégations du Hamas et d'Israël", a déclaré à l'AFP l'une des sources palestiniennes.
Israël et le Hamas ont entamé le 6 juillet au Qatar des discussions indirectes en vue d'une trêve de 60 jours associée à une libération d'otages. Mais les deux parties s'accusent mutuellement d'enrayer les pourparlers.
L'attaque du 7 octobre 2023 en Israël a entraîné la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.
Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 49 sont toujours dans Gaza, dont 27 ont été déclarées mortes par l'armée israélienne.
Au moins 58.573 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués dans la campagne militaire de représailles israéliennes, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas à Gaza, jugées fiables par l'ONU.
P. Gomes--JDB