
La question de la climatisation échauffe le débat politique

Demain tous climatisés? Si le RN réclame un "grand plan pour la climatisation", la gauche et les macronistes n'en font qu'une solution d'appoint et plaident pour le développement d'autres mesures comme la végétalisation ou l'isolation thermique.
En plein épisode de canicule dans l'Hexagone, Marine Le Pen a réclamé lundi "un grand plan d'équipement pour la climatisation", relayé par son allié Eric Ciotti qui souhaite équiper en priorité "écoles, hôpitaux et maisons de retraite".
La leader d'extrême droite a déploré que "les services publics ne (soient) pas capables de fonctionner faute de climatisation, contrairement à des dizaines de pays dans le monde".
"Je pense aussi à tous les travailleurs qui suffoquent dans des bâtiments sans clim' parce que des dirigeants ont décidé que les Français devaient souffrir de la chaleur pendant qu'eux-mêmes jouissent évidemment de véhicules et de bureaux climatisés", a encore fustigé Mme Le Pen sur X.
Le groupe UDR (Union des droites pour la République) a déposé mercredi une proposition de loi portant sur une "obligation de climatisation des espaces publics prioritaires".
"Il est urgent de lancer un grand plan d'équipement national pour les plus fragiles à travers le développement massif des réseaux de froid et de la climatisation. Nous avons le devoir (...) de généraliser ces solutions", affirme le groupe d'Eric Ciotti dans son texte.
"Ceux qui vous parlent de grand plan de climatisation viennent de découvrir la Lune", a réagi lundi sur BFMTV la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher.
"Il y a les incompétents, le Rassemblement national (...), qui vient de découvrir que dans les Ehpad, on a besoin de pièces climatisées. Merci, ça fait depuis 2004 que c'est obligatoire", a-t-elle cinglé.
"Le sujet que nous avons avec la climatisation, c'est un sujet de réchauffement", a-t-elle encore commenté aux côtés du Premier ministre, François Bayrou, mardi. "Il faut climatiser pour les personnes vulnérables et leur permettre d'avoir un répit. En revanche, il ne faut pas en faire partout, sinon on risque de réchauffer et donc c'est une mauvaise solution."
- "Plan volets" -
"L'objectif, ça doit rester d'avoir des bâtiments mieux isolés", a lancé de son côté le patron de Renaissance, Gabriel Attal, mardi sur franceinfo. "Il y a une tension entre d'un côté les enjeux sanitaires, faire en sorte que les Français aient moins chaud, et de l'autre des enjeux écologiques parce que ça consomme et ça rejette des gaz à effet de serre."
Malgré les effets pervers pointés de la climatisation (consommation d'énergie, surplus de chaleur dans la rue), la gauche reconnait elle aussi aujourd'hui son caractère indispensable pour les personnes fragiles.
Ainsi, Boris Vallaud, le chef de file des députés socialistes s'est dit "pour la climatisation pour les établissements qui accueillent des jeunes publics", dans une déclaration à l'AFP.
LFI a de son côté dévoilé mardi un plan "de réponse aux canicules" fixant pour objectif "l'installation de la climatisation dans l'ensemble des hôpitaux publics, Ehpad, et établissements scolaires".
La patronne des Ecologistes, Marine Tondelier, a elle ironisé sur X sur "le programme écologique de Marine Le Pen" qui se borne selon elle à "acheter des climatiseurs".
Mais elle a reconnu elle aussi que "les hôpitaux, les écoles et les Ehpad" doivent être "climatisés, pour le personnel comme pour le public", après avoir été taclée par le député RN Jean-Philippe Tanguy, qui l'a invitée à "bosser dans un hôpital à 35 degrés".
L'Ecologiste fait valoir que "contrairement (au RN), nous avons un peu bossé le sujet du réchauffement climatique", et pointe "que la climatisation ne suffira pas".
"Il faut impérativement avancer sur la végétalisation des villes et l'isolation thermique des logements", insiste-t-elle.
Pour la député EELV Sandrine Rousseau, la climatisation dans certains bâtiments "semble inévitable. Mais avant cela, il y a quand même la rénovation thermique", a-t-elle ajouté, évoquant la nécessité d'un "plan volet" et d'"un plan ventilateur": "il y a énormément d'immeubles, de bâtiments publics qui n'ont pas de volets", qui peuvent pourtant selon elle "isoler de la chaleur".
M. Andrade--JDB