L'Afrique élit son super banquier à Abidjan, le candidat mauritanien en tête
Qui va remplacer le Nigérian Akinwumi Adesina à la tête de la Banque africaine de développement (BAD)? Le candidat mauritanien Sidi Ould Tah fait la course en tête jeudi pour devenir le nouveau "super banquier" de l'Afrique, après le deuxième tour de scrutin, à Abidjan.
Fondée en 1964, la BAD qui compte 81 pays membres, dont 54 africains, est l'une des grandes banques multilatérales de développement.
Ses ressources proviennent notamment des souscriptions des pays membres, des emprunts effectués sur les marchés internationaux ainsi que des remboursements et revenus des prêts.
Mais le nouveau président de l'institution va être immédiatement confronté à un environnement économique international chamboulé, notamment par les annonces de l'administration Trump.
Outre les droits de douane, certaines décisions affectent directement la BAD puisque les Etats-Unis veulent supprimer leur contribution d'un demi-milliard de dollars au fonds de la banque, destiné aux pays à faible revenu du continent.
Cinq candidats étaient en lice pour l'élection de jeudi, dans la capitale économique ivoirienne où se trouve le siège de l'institution.
Après le deuxième tour, l'ancien ministre de l'Economie mauritanien a pris la tête et est très proche de la victoire, avec 48,41% des voix.
Il devance l'économiste zambien Samuel Munzele Maimbo dont le score a reculé, avec 36,68% des voix.
Le Sénégalais Amadou Hott est 3e avec 9,02% et la Sud-Africaine, ex numéro 2 de l'institution, Bajabulile Swazi Tshabalala est éliminée avec 5,90% des voix.
Pour remporter l'élection, il faut toutefois obtenir une double majorité: celle des votes de tous les pays membres mais aussi celle des pays africains.
Sur ce terrain, M. Tah a déjà rempli son contrat avec 68,42% des voix africaines contre seulement 18,77% à son rival zambien et pourrait être élu dès le prochain tour qui doit se tenir plus tard dans la journée.
- Cinq priorités -
Pour le scrutin, le poids de chaque Etat actionnaire est pondéré par la hauteur de sa participation au capital de la banque.
Les cinq plus gros contributeurs africains: le Nigeria, l'Egypte, l'Algérie, l'Afrique du Sud et le Maroc, sont particulièrement courtisés, tout comme les Etats-Unis et le Japon, plus gros contributeurs non-régionaux.
Les jeux d'alliance et les reports de voix sont cruciaux au fil des tours dans les couloirs de l'Hôtel Ivoire d'Abidjan, pour obtenir ce poste prestigieux à la tête d'une institution qui s'est imposée au niveau international.
Tous les candidats ont promis de rendre la BAD encore plus efficace pour transformer l'Afrique dans la continuité des "High 5", les cinq priorités établies par le président sortant: éclairer, nourrir, industrialiser, intégrer et améliorer la qualité de vie des populations.
"Je suis fier de l'héritage que je laisse derrière moi. Nous avons construit une institution financière de classe mondiale qui va continuer à faire progresser la position de l'Afrique dans un environnement mondial qui évolue rapidement", a déclaré M. Adesina, mardi, précisant que 565 millions de personnes en Afrique ont bénéficié de projets de la BAD ces dix dernières années.
La banque a, par exemple, aidé à la construction de la plus grande station d'épuration d'Afrique, à Gabal el Asfar en Egypte, contribué à la réalisation d'un pont entre Sénégal et Gambie, à l'extension du port de Lomé au Togo, ou encore à des projets d'assainissement au Lesotho et d'accès à l'électricité au Kenya.
Pendant les dix ans de gouvernance de l'homme au nœud papillon, le capital souscrit de l'institution a par ailleurs triplé, passant de 93 à 318 milliards de dollars.
R. do Carmo--JDB