
Nucléaire: Trump met en garde Israël contre toute frappe sur l'Iran

Les Etats-Unis ont mis en garde Israël contre toute frappe sur l'Iran qui risquerait de faire dérailler les pourparlers sur le nucléaire, tandis que Téhéran se dit prêt autoriser une visite d'inspecteurs américains de l'AIEA.
"Si des questions sont soulevées, si un accord est conclu et si les demandes de l'Iran sont prises en compte, alors nous reconsidérerons la possibilité d'accepter des inspecteurs américains" de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), a déclaré Mohammad Eslami, le chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA).
Téhéran et Washington, ennemis depuis la Révolution islamique de 1979, ont entamé le 12 avril, via une médiation du sultanat d'Oman, des discussions sur l'épineux dossier du programme nucléaire iranien.
Les deux capitales ont publiquement affiché leur désaccord sur la question sensible de l'enrichissement d'uranium.
L'annonce de M. Eslami survient au moment où le président iranien Massoud Pezeshkian est en visite à Oman et où un responsable de l'AIEA doit se rendre dans les prochains jours en Iran.
Dans ce contexte, le président américain Donald Trump a mis en garde le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, contre toute frappe sur l'Iran qui risquerait de faire dérailler les pourparlers sur le nucléaire.
- "Très proches d'une solution" -
"Je lui ai dit que je ne pensais pas que ce serait pertinent maintenant parce que nous sommes très proches d'une solution", a déclaré M. Trump mercredi pendant un échange avec la presse dans le Bureau ovale, évoquant sa récente conversation téléphonique avec le dirigeant israélien.
Le président américain a assuré que les délicates discussions avec Téhéran étaient "très bonnes", les Etats-Unis et l'Iran venant de boucler à Rome un cinquième cycle de pourparlers, sans trouver un accord mais assurant être prêts à poursuivre le dialogue.
Les négociations achoppent jusqu'ici sur la question de l'enrichissement d'uranium : les Etats-Unis demandent que l'Iran y renonce totalement, ce qu'il refuse catégoriquement, mettant en avant un droit à se doter de capacités nucléaires civiles.
Pendant son premier mandat (2017-2021), Donald Trump avait unilatéralement retiré son pays d'un accord international sur le nucléaire conclu avec Téhéran en 2015 et rétabli de lourdes sanctions à l'encontre de l'Iran.
Depuis, "nous avons toujours refusé les inspecteurs de pays hostiles (envers l'Iran) et qui se sont comportés sans principes", a souligné Mohammad Eslami, se disant prêt à revoir cette position.
Les Etats occidentaux, Etats-Unis en tête, et Israël, ennemi juré de l'Iran et considéré par des experts comme la seule puissance nucléaire au Moyen-Orient, soupçonnent les Iraniens de vouloir se doter de l'arme nucléaire.
L'Iran se défend d'avoir de telles ambitions militaires.
- "Ligne rouge" -
Selon l'AIEA, ce pays enrichit l'uranium à 60%, bien au-delà de la limite de 3,67% autorisée par l'accord de 2015 conclu avec les grandes puissances.
Téhéran dit s'être affranchi de ses engagements en représailles au retrait américain.
Les experts estiment qu'à partir de 20%, l'uranium enrichi peut avoir des applications militaires. Pour fabriquer une bombe, l'enrichissement doit être poussé jusqu'à 90%.
L'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, qui mène les discussions pour Washington, a estimé que les Etats-Unis "ne pouvaient autoriser ne serait-ce qu'un pour cent de capacité d'enrichissement" à l'Iran.
Téhéran, qui défend un droit au nucléaire civil notamment pour l'énergie, considère cette exigence comme une "ligne rouge", contraire aux dispositions du Traité de non-prolifération (TNP) dont l'Iran est signataire.
De son côté, le bureau du Premier ministre israélien a démenti mercredi un article du New York Times affirmant que Benjamin Netanyahu menace de faire échouer les négociations irano-américaines en frappant les principales installations d'enrichissement nucléaire de l'Iran.
Il s'agit de "fake news" a affirmé le bureau de M. Netanyahu.
Le quotidien américain fait mention d'au moins un échange téléphonique tendu entre MM. Trump et Netanyahu au sujet de ces menaces israéliennes. Les responsables américains craignent notamment qu'Israël ne décide de frapper l'Iran sans préavis, ajoute l'article.
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E. da Cruz--JDB