
Présidentielle ivoirienne: le principal parti d'opposition mobilise et hausse le ton

Le principal parti d'opposition en Côte d'Ivoire, dont le candidat Tidjane Thiam a été exclu de la présidentielle d'octobre, a mobilisé des milliers de personnes samedi à Abidjan et haussé le ton en exhortant à la "mobilisation nationale" face à "l'injustice, la tyrannie et la peur".
Il s'agit du plus important rassemblement du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) depuis la radiation de son candidat de la liste électorale après qu'un tribunal a estimé le 22 avril qu'il avait perdu sa nationalité ivoirienne au moment de son inscription en 2022.
Les autres figures de l'opposition, dont le président (2000-2011) Laurent Gbagbo, sont également exclues de la course à la présidentielle en raison de condamnations judiciaires.
Le président Alassane Ouattara, 83 ans, président depuis 2011, ne s'est de son côté pas encore prononcé sur une éventuelle candidature mais s'est déjà dit "désireux de continuer à servir son pays".
"A toutes les Ivoiriennes et à tous les Ivoiriens, je voudrais lancer un appel vibrant pour un sursaut national", a déclaré devant les militants Noël Akossi Bendjo, vice-président du PDCI, présenté comme parlant au nom de M. Thiam, un banquier international de 62 ans actuellement en France.
- "Sortez!" -
Un rassemblement des jeunes du PDCI est prévu dimanche au siège du parti, dans le quartier de Cocody à Abidjan. Et un meeting doit avoir lieu jeudi au Plateau, le quartier des affaires et centre du pouvoir politique de la capitale économique ivoirienne.
"Fini la politique du salon, sortez !", a lancé aux militants Véronique Aka, présidente de l'Union des femmes PDCI rurale.
"Ils (les gens du pouvoir, ndlr) pensaient qu'ils allaient nous avoir à l'usure... Ils vont constater que c'est maintenant que ça va commencer", a renchéri le député Yohou Dia Houphouet Augustin, s'exprimant aux noms des élus du district d'Abidjan du parti.
"À partir d'aujourd'hui, on ne dort plus... de façon à ce que notre Titi (surnom de Tidjane Thiam) soit sur la liste électorale", a ajouté Emmou Sylvestre, Secrétaire exécutif du PDCI.
La publication de la liste électorale définitive est attendue le 20 juin.
Le PDCI "clame haut et fort que le président Tidjane Thiam est ivoirien et sa nationalité ne souffre d'aucune contestation", a martelé le vice-président du parti, devant les militants qui scandaient "Titi, président !" sur fond de cris et de vuvuzelas.
- "Unique candidat" -
"Le président Tidjane Thiam est l'unique candidat du PDCI à l'élection présidentielle" et il n'y a "aucun autre plan en dehors du candidat Tidjane Thiam", a-t-il rappelé.
Né en Côte d'Ivoire, M. Thiam a obtenu la nationalité française en 1987 et y a renoncé en mars, afin de se présenter à la présidentielle, scrutin pour lequel un candidat ne peut être binational.
Mais la justice invoque l'article 48 du code de la nationalité, datant des années 1960, qui indique que l'acquisition d'une autre nationalité entraîne la perte de la nationalité ivoirienne.
"Thiam peut aider la Côte d'Ivoire. Il a des idées novatrices. Donc l'empêcher d'être candidat à la présidentielle est une injustice qu'on ne peut pas accepter", a souligné Kouassi Adou, un chauffeur de 50 ans.
Cette mobilisation du principal parti d'opposition intervient quelques jours après le mot d'ordre "Trop, c'est trop", lancé le 26 avril par l'ex-président Gbagbo dans un pays "fracturé en deux" selon lui entre les "opprimés" et les "privilégiés". A la mi-juin, son parti a averti "se réserver le droit d'un nouveau palier dans la lutte".
Dans une vidéo mise en ligne le 1er mai sur les réseaux sociaux, l'ancien Premier ministre et ex-chef rebelle Guillaume Soro, lui aussi exclu de la présidentielle et qui vit en exil, a pour sa part dénoncé une "dérive autoritaire assumée", affirmant que les autorités ivoiriennes ont "choisi l'injustice comme méthode, l'arbitraire comme politique, la peur comme stratégie".
D. Carvalho--JDB