
Les hôtesses et stewards d'Air Canada poursuivent leur grève, reprise des négociations

Des discussions entre Air Canada et les hôtesses et stewards en grève ont débuté lundi soir pour tenter de trouver une issue à un mouvement social qui affecte 500.000 personnes depuis samedi et paralyse la plus grande compagnie du pays.
Quelque 10.000 agents de bord ont cessé le travail pendant le week-end pour demander des augmentations de salaires et une compensation pour le travail au sol non rémunéré, y compris pendant l'embarquement.
Quelques heures plus tard, le gouvernement canadien, estimant que la grève "affectait directement l'économie canadienne", a décidé d'intervenir, invoquant une disposition légale pour suspendre la grève et forcer les deux parties à un arbitrage contraignant.
Mais les salariés d'Air Canada ont choisi dimanche de défier l'injonction du Conseil canadien des relations industrielles (CCRI), un tribunal réglementaire, qui leur avait ordonné de reprendre le travail.
Lundi, ils ont de nouveau affirmé leur détermination et annoncé qu'ils ne reprendraient pas le travail, même si les régulateurs du CCRI ont augmenté la pression en ordonnant aux agents de bord "de reprendre immédiatement leurs fonctions et de s'abstenir de participer à des activités de grève illégales".
Lundi soir, le syndicat du personnel de bord a annoncé une rencontre avec Air Canada. "Pour le moment, la grève est toujours en cours et les pourparlers ne font que commencer", a précisé sur Facebook l'organisation affiliée au syndicat canadien de la fonction publique (SCFP).
Selon le transporteur national canadien, qui dessert directement 180 villes au Canada et à l'étranger, la grève a entraîné des annulations affectant 500.000 personnes.
"Si Air Canada pense que les avions voleront cet après-midi, ils se trompent totalement. Cela n'arrivera pas aujourd'hui", a déclaré Mark Hancock, président du syndicat canadien de la fonction publique, lors d'une conférence de presse.
"Les entreprises les plus rentables utilisent tous les outils à leur disposition pour imposer des salaires de misère et écraser les droits des salariés. Le seul objectif de nos membres est d'être payés pour leur temps de travail", a renchéri Candace Rennick, secrétaire-trésorière du même syndicat.
- "Précédent terrible" -
S'exprimant pour la première fois sur le sujet, le Premier ministre, Mark Carney, a déclaré lundi aux journalistes à Ottawa qu'il était "décevant" que huit mois de négociations entre le transporteur et le syndicat n'aient pas abouti à un accord.
"Nous reconnaissons pleinement le rôle crucial que jouent les agents de bord pour assurer la sécurité des Canadiens et de leurs familles lorsqu'ils voyagent", a déclaré M. Carney.
"Il est important qu'ils soient équitablement rémunérés", a-t-il ensuite ajouté, avant d'expliquer que le Canada comptait des centaines de milliers de citoyens et visiteurs confrontés à une situation compliquée.
Au cours du week-end, le syndicat avait dénoncé l'intervention du gouvernement (grâce à la section 107 du Code du travail du Canada), estimant que cela établissait un "précédent terrible" et récompensait "le refus d'Air Canada de négocier équitablement".
Une décision qui pousse également les spécialistes du droit du travail à s'interroger, explique à l'AFP Rafael Gomez, professeur à l'université de Toronto.
"Beaucoup de spécialistes du travail et de la communauté de droit du travail pensent que la section 107 est utilisée de manière inappropriée", explique-t-il. "Notamment car elle est prévue pour une situation où les grèves durent depuis longtemps et où il n'y a aucune issue possible."
L'économie canadienne, bien que montrant des signes de résilience, commence à éprouver les effets de la guerre commerciale engagée par le président américain, Donald Trump, avec des droits de douane affectant des secteurs cruciaux pour le pays comme l'automobile, l'aluminium et l'acier.
Dans ce contexte, le Conseil canadien des affaires, qui regroupe des dirigeants de plus d'une centaine de grandes entreprises, a estimé que la grève était susceptible de causer "un préjudice immédiat et considérable à tous les Canadiens".
M. Oliveira--JDB