
Métallurgie: Novasco a un mois et demi pour trouver un repreneur

Le métallurgiste Novasco, qui emploie quelque 760 salariés en Lorraine, dans la Loire et le Nord, a été placé lundi en redressement judiciaire, un an après un projet de reprise par un fonds britannique, qui ne s'est pas concrétisé.
Le tribunal de Strasbourg, qui a prononcé le redressement, a fixé à fin septembre la date limite de dépôt de projets de reprise, a annoncé à l'AFP un représentant syndical.
L'ex-Ascometal, qui fabrique des aciers spéciaux, notamment pour le secteur automobile, avait été repris en juillet 2024 par le fonds d'investissement britannique Greybull Capital. Ce dernier n'a pas injecté les 90 millions d'euros promis aux côtés de l'Etat, qui a apporté 75 millions d'euros à l'entreprise.
La chambre commerciale du tribunal judiciaire de Strasbourg "a fixé la date limite du dépôt des offres de reprise à la dernière semaine de septembre", a déclaré à l'AFP Yann Amadoro, secrétaire CGT du comité social et économique (CSE).
Une nouvelle audience est prévue le 25 septembre.
Le calendrier, "contraint par le niveau de la trésorerie" du groupe, n'a pas permis de mettre en place une période d'observation, a observé le syndicaliste.
"La trésorerie permet aujourd'hui de tenir jusqu'à fin septembre début octobre", a-t-il affirmé. "Il faut que le tribunal puisse statuer sur un repreneur avant une rupture de trésorerie".
Le délai relativement court donné pour les offres de reprises vise à inciter des candidats potentiels "à sortir du bois", a expliqué le représentant syndical.
Avec l'ouverture d'une procédure de conciliation fin juin, des candidats à la reprise ont déjà été auditionnés, dont certains auraient des vues sur certains sites, mais pas sur le principal, Hagondange, qui emploie 450 personnes en Moselle.
Avec ses trois autres sites d'usinage et de parachèvement, à Custines (Meurthe-et-Moselle), Saint-Étienne (Loire) et Leffrinckoucke (Nord), Novasco emploie environ 760 personnes, sans compter les emplois indirects.
- "C'est compromis pour Hagondange" -
Les syndicats comme les représentants de l'entreprise présents à l'audience ont fait valoir qu'il y avait des candidats pour reprendre Novasco.
"La crainte d'aujourd'hui c'était que le tribunal décide de passer immédiatement à la liquidation", selon M. Amadoro.
"On a trois semaines un mois devant nous pour continuer à faire émerger des offres", a déclaré le syndicaliste, tout en reconnaissant que "c'est compromis pour Hagondange". "On espère, mais aujourd'hui ça a l'air assez mal embarqué".
Aux termes de l'accord passé il y a un an avec Greybull, l'Etat a versé 75 millions d'euros à Novasco et 10 millions sont attendus dans la deuxième quinzaine d'août, selon M. Amadoro. Greybull de son côté n'a versé que 1,5 million d'euros, selon les syndicats.
"C'était assez prévisible malheureusement mais il y a un an il n'y avait que ce candidat-là et le tribunal avait le choix entre ça et liquider la société", a relevé M. Amadoro, dénonçant "l'absurdité de tout ça": "On nous parle de transition écologique et de protection de l'industrie et on va fermer une aciérie électrique".
Victime du repli du marché automobile, Novasco a aussi joué de malchance, avec un accident qui a blessé trois ouvriers de l'usine d'Hagondange en novembre dernier lors de la chute d'une poche de métal en fusion.
L'accident a entraîné sept semaines d'arrêt d'activité, après quoi "le doute s'est emparé du management", confiait le mois dernier à l'AFP un représentant de la direction.
La même source disait alors avoir besoin "d'au moins 100 millions d'euros supplémentaires" pour poursuivre l'activité, tout en reconnaissant qu'il était "compliqué d'identifier des industriels capables de mettre autant d'argent".
La direction insistait alors sur "la perte de souveraineté que représenterait la fin de la production sur l'aciérie électrique décarbonée" de Hagondange. "Si le site s'arrête de fonctionner de manière durable, c'est impossible à redémarrer".
Après la pause estivale, le travail doit reprendre théoriquement le 25 août, "mais il n'y a plus de travail", remarque M. Amadoro.
Les syndicats ont prévu une assemblée générale ce jour-là, puis une "marche citoyenne" à Hagondange le 4 septembre.
C. Marques--JDB