
Le Livret A se reprend en mai, nette baisse de taux en vue cet été

Le Livret A, boudé par les épargnants depuis la baisse de son taux en début d'année, a retrouvé des couleurs en mai, avant un nouveau recul très probable de son rendement cet été.
Les dépôts des épargnants sur les Livrets A ont dépassé les retraits de 1,22 milliard d'euros le mois dernier, selon les données publiées lundi par la Caisse des dépôts (CDC).
Les Livrets de développement durable et solidaire (LDDS) ont dans le même temps gonflé de 660 millions d'euros, portant le total de la "collecte nette" de ces deux produits à 1,88 milliard d'euros, un record cette année.
Ce montant illustre-t-il le réveil du produit d'épargne réglementée détenu par 56 millions de Français, après un début d'année morose?
Il pourrait en réalité traduire la volonté des épargnants de profiter à plein du taux actuel de 2,4%, avant une baisse annoncée cet été.
Fort des données disponibles et de leurs projections, les spécialistes de l'épargne contactés par l'AFP attendent un nouveau taux du Livret A, valable aussi pour le LDDS, entre 1,5% et 1,7%, contre 2,4% aujourd'hui.
Les deux composantes de la formule de calcul de ce taux - l'inflation et un taux d'intérêt interbancaire déterminé par la Banque centrale européenne (BCE) - sont en effet orientées à la baisse.
"Dans une optique de baisse des taux du crédit et de relance de la consommation, il est fort probable" que le ministre de l'Economie se range derrière le calcul de la formule et n'y déroge pas, comme il a la possibilité de le faire sur proposition du gouverneur de la Banque de France, estime le directeur du Cercle de l'Epargne Philippe Crevel.
Le taux d'épargne des Français, mesuré par l'Insee à 18,8% au premier trimestre, est à son pic en 45 ans (hors crise sanitaire), et présenté comme un frein à la consommation et donc à la croissance.
Interrogé sur le sujet jeudi dernier par France Info, le nouveau directeur général de la "Caisse" Olivier Sichel a souligné qu'un tel taux resterait supérieur à l'inflation.
Le nouveau taux sera calculé par la Banque de France mi-juillet, et transmis par son gouverneur François Villeroy de Galhau au ministre de l'Economie Eric Lombard, par ailleurs ancien directeur général de la CDC, pour application au 1er août jusqu'à fin janvier 2026.
- Le LEP cale -
Les Livrets A et les LDDS, plafonnés respectivement à 22.950 euros et 12.000 euros, permettent de conserver une épargne garantie, disponible et défiscalisée.
Ils sont ralentis cette année par une première baisse de leur rémunération effective depuis le 1er février, de 3% à 2,4%, et souffrent de la concurrence d'un autre produit d'épargne également à capital garanti: les fonds euros de l'assurance vie.
Les Livrets d'épargne populaire (LEP), réservés aux personnes aux revenus modestes, ont connu de leur côté un mois de mai compliqué, affirme lundi la CDC: leur encours s'est dégonflé de 1,19 milliard d'euros, après une "décollecte nette" déjà visible au mois d'avril.
Le printemps est souvent peu porteur pour ce livret, sous l'effet des clôtures annuelles de comptes par les banques pour les détenteurs dépassant le plafond de ressources.
Les ménages modestes bénéficieront-ils d'un "coup de pouce" lors de la prochaine fixation du taux du LEP, mi-juillet avec celle du Livret A ?
M. Crevel attend par exemple un taux à 2,5% au 1er août, a priori plus intéressant que le taux théorique: celui du Livret A augmenté de 0,5 point de pourcentage.
"C'est très hypothétique", observe de son côté Éric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management.
Si l'encours des LEP a baissé le moi dernier, ceux des Livrets A et des LDDS se maintiennent fin mai à des niveaux records: 445,3 milliards d'euros pour les premiers et 163,3 milliards pour les seconds.
H. Garcia--JDB