Grogne des taxis: le gouvernement va étudier leurs propositions
Faire des économies sans mécontenter les taxis: le gouvernement a proposé mercredi d'étudier, avec les représentants de la profession, de nouveaux calculs pour les conditions de rémunération du transport des patients.
A l'issue d'une réunion avec les organisations de taxis, mobilisés depuis plusieurs semaines, le ministre de la Santé Yannick Neuder a assuré qu'il fallait "continuer à travailler ensemble pour trouver des solutions qui soient d'intérêt national".
Il a renvoyé à une nouvelle réunion dans 15 jours. D'ici-là, l'Assurance maladie (CNAM) devra évaluer les propositions faites par les taxis.
"Le ministre a compris que le système proposé par les services de la CNAM n'était absolument pas viable pour les entreprises de taxi", a souligné à l'issue de la réunion Rachid Boudjema, président de l'Union nationale des taxis.
Il s'agit notamment de prendre en compte la "marche lente" en cas de bouchons, et le retour au compteur (et non au forfait) pour la plupart des trajets.
"La grande avancée, c'est que ces propositions vont être chiffrées et voir si elles rentrent dans les objectifs budgétaires", a indiqué Bilal Bouammar, de la Fédération des taxis indépendants, à l'issue de la réunion. "On est plus dans une négociation que dans l'imposition de mesure comme ça s'est fait pendant un an et demi (avec la CNAM)".
"On travaille beaucoup mieux quand les ministres sont présents que quand nous sommes sans eux en réunion de travail (avec la CNAM)", a souligné Emmanuelle Cordier, présidente de la Fédération nationale du taxi (FNDT), qui demandait depuis des semaines un dialogue direct avec les ministres.
Les taxis sont toutefois prêts à se remobiliser en cas de nouvelle déception, car ils sont "pris à la gorge ", a souligné M. Boudjema auprès l'AFP.
- Economies -
Après une pause d'une semaine et demie, les taxis ont remis la pression mercredi matin en manifestant devant le ministère de l'Economie.
Dans un concert de pétards, plusieurs centaines de taxis de toute la France bloquaient une avenue devant Bercy, dans le sud-est de Paris.
Plusieurs centaines de taxis ont également ralenti la circulation sur les autoroutes A10 et A13 autour de la capitale, selon la police.
Les taxis sont remontés contre la nouvelle convention de l'Assurance maladie régissant le transport des malades en taxi, censée entrer en vigueur le 1er octobre.
Le nouveau système doit reposer sur une prise en charge de 13 euros par la Sécurité sociale, puis un tarif kilométrique.
Mais les taxis craignent, par exemple, que les temps d'attente lorsque le patient est en consultation à l'hôpital ne soient plus rémunérés.
Le chiffre d'affaires de certains artisans-taxis repose parfois aux deux tiers sur le transport des patients vers les hôpitaux ou à leurs rendez-vous médicaux, notamment dans les zones rurales ou les petites villes.
L'Assurance maladie souhaite économiser de l'argent en développant des plateformes centralisant les demandes, pour rationaliser les allées et venues des taxis, permettre le transport partagé et éviter retours à vide ou longues périodes d'attente des véhicules.
Entre 2019 et 2024, les dépenses de transport sanitaire ont explosé pour atteindre 6,74 milliards d'euros annuels, dont 3,07 milliards pour les taxis conventionnés, soit une augmentation de 45%.
"On se reverra dans 15 jours dans cette configuration-là avec des scénarios, d'autres hypothèses tarifaires", a indiqué le ministre de la Santé.
Le Premier ministre François Bayrou avait assuré fin mai que la réforme s'appliquerait bien début octobre et générerait même "davantage d'économies que prévu" grâce à la concertation.
- Blocage -
Pendant la deuxième quinzaine de mai, la profession avait déjà bloqué gares et aéroports et occupé certains axes, dans plusieurs villes de France, et notamment sur le boulevard Raspail à Paris, à deux pas du quartier des ministères.
Hormis leurs griefs contre la convention avec l'Assurance maladie, les taxis s'en sont aussi pris aux chauffeurs VTC, accusés de concurrence déloyale et de pratiquer la maraude - le fait de circuler à vide à la recherche de clients -, ce qui leur est interdit.
Le gouvernement a affirmé qu'il allait accentuer les contrôles pour s'attaquer aux fraudeurs. Une célérité qui a mis en colère les chauffeurs VTC, reçus à leur tour le 3 juin au ministère des Transports. Ils ont eux aussi appelé à une semaine de mobilisation à partir de mardi.
M. Silva--JDB