Transport sanitaire, VTC: des milliers de taxis manifestent en France
Plusieurs milliers de taxis ont manifesté lundi à travers la France, à Pau, Amiens, Paris ou Bastia pour protester contre les nouvelles conditions tarifaires du transport sanitaire et la concurrence des VTC.
A Paris, des grosses berlines, SUV et autres taxis "en colère" ont bloqué à grand renfort de klaxons et fumigènes le boulevard Raspail et des rues adjacentes, dans le quartier très central du ministère des Transports.
Des représentants des taxis ont été reçus par les cabinets de leurs différents ministères de tutelle, a indiqué le ministère des Transports à l'AFP, sans avancées selon la Fédération nationale du taxi (FNDT).
- Échauffourées -
Après quelques pneus brûlés, de brèves échauffourées ont eu lieu en fin d'après-midi sur le boulevard Raspail avec les CRS, suivies de tirs de gaz lacrymogènes. Les taxis prévoient de revenir tous les jours cette semaine.
Un projet de l'Assurance maladie, approuvé vendredi par le gouvernement dans un arrêté, entend instaurer à partir du 1er octobre un modèle unique sur le territoire pour le transport des malades par les chauffeurs de taxis conventionnés, pour remplacer l'actuelle "usine à gaz", avait expliqué jeudi Marguerite Cazeneuve, la numéro 2 de la Cnam.
Les taxis seront rémunérés sur la base d'un forfait de prise en charge de 13 euros et d'une tarification kilométrique.
A Bastia (Haute-Corse), la sortie du port de commerce a été bloquée, selon la police. A Amiens, les taxis ont causé des ralentissements au nord de la ville, selon la préfecture de la Somme.
A Montpellier, deux convois ont mené des opérations escargot, vers l'aéroport, la gare TGV ou la caisse d'Assurance Maladie.
"Nous ne partirons pas tant que nous n'aurons pas obtenu le retrait de cette convention", a lancé à Paris Emmanuelle Cordier, présidente de la FNDT, revendiquant 3.000 manifestants à Paris lundi.
"Ça fait des semaines qu'on prévient Matignon (...). On demande à être reçus par les ministres de tutelle (Transports, Intérieur, Santé...) et pas par leurs porte-gobelets", a-t-elle souligné.
Aujourd'hui environ 85% des taxis font du transport conventionné de malades, selon la FNDT.
"La convention qui nous a été imposée par la Cnam nous ferait perdre 25 à 30% de notre chiffre d'affaires (...) On va faire de nous des travailleurs pauvres", a lancé Yves Rubicondo, 64 ans, taxi à Pithiviers (Loiret) avec trois salariés, qui dit réaliser 95% de son chiffre d'affaires avec le transport de malades.
"La nouvelle tarification sera favorable aux taxis conventionnés dans deux tiers des départements, notamment ruraux", a assuré Marguerite Cazeneuve.
Dans le tiers restant, la Cnam veut notamment éviter que les taxis fassent du transport à vide, coûteux, via une coordination avec les hôpitaux pour grouper des patients sur des trajets proches.
- "Zones blanches" -
A Pau, de brèves échauffourées ont aussi opposé les chauffeurs aux forces de l’ordre quand les manifestants ont pénétré dans la gare SNCF et jeté des barrières sur les voies.
"Les taxis ne se sentent pas écoutés, c'est une cause désespérée", a déclaré à l’AFP Rémi, taxi à Bordeaux âgé de 39 ans, disant n’avoir "plus rien à perdre".
Le secteur se dit prêt à discuter, notamment du transport partagé et de "l'optimisation des coûts". Mais il demande le gel du projet actuel, selon lui défini unilatéralement, ne prenant pas en compte par exemple les variations des temps de trajet.
De nombreux taxis manifestent aussi contre la concurrence des véhicules de tourisme avec chauffeur (VTC), coordonnés par des plateformes comme Uber.
"On est envahi par les VTC", a dénoncé à Montpellier Riad Kebairi, l'un des responsables de la compagnie Taxis bleu du Midi, en regrettant un "manque flagrant de contrôle à Montpellier pour mettre fin à cette concurrence déloyale".
N. Gonçalves--JDB