
Chaleur à Paris: se baigner dans la Seine, "quelle aubaine !"

D'habitude, Ghislaine, 66 ans, ne jure que par la mer pour se rafraîchir l'été en période de canicule. Mais aujourd'hui, de passage à Paris où 35°C sont attendus dans l'après-midi, "quelle aubaine !", se réjouit-elle, de pouvoir tout simplement barboter dans la Seine.
Originaires du sud de la France, Ghislaine Roche et son mari se sont dit mardi matin: "C'est le moment". "Il fait très chaud ici depuis deux jours, et puis, je déteste les piscines", glisse la retraitée à l'AFP après s'être baignée dans le fleuve face à l'île Saint-Louis, au coeur de la capitale.
Au bras Marie, l'un des trois espaces parisiens ouverts gratuitement à la baignade depuis début juillet, il est 10H00 et il y a foule. Une file d'attente commence à se dessiner à l'entrée: pas plus de 150 personnes à l'intérieur.
Comme elle, nombreux sont ceux qui ont souhaité venir "à la fraîche", alors que l'Île-de-France est en vigilance orange canicule pour la journée. "Je ne supporte plus le soleil de plomb l'après-midi, je n'ai plus vingt ans...", plaisante la Marseillaise dans son maillot de bain à fleurs.
À ses pieds, le bassin d'eau verdâtre, sans couloir de nage, fait drôlement penser à une mare remplie de petites grenouilles. Chaque baigneur est accompagné d'un flotteur jaune attaché autour de la taille, sécurité oblige.
L'eau à 24°C est "super bonne", ne cesse-t-on de répéter. Certains alignent quelques longueurs avant de partir au travail, d'autres viennent juste faire trempette, discutent comme dans un véritable salon de thé.
Alain Desaunay, 62 ans, a lui aussi ressenti ce matin "le besoin de se rafraîchir", confie-t-il à l'AFP tout en se séchant avec sa serviette. "C'est exceptionnel de pouvoir se baigner en eau naturelle, et pas à la piscine municipale", poursuit ce banlieusard de Massy (Essonne).
Une "chance", un "privilège" en ces journées de fortes chaleurs, selon Valeria Estrada, 27 ans, une Mexicaine résidant à Paris, venue entre amis.
- "Forte affluence" -
Héritage promis des JO, la baignade dans la Seine était interdite depuis 1923. Cet été, plus de 52.000 personnes ont déjà pu en profiter, selon les derniers chiffres de la ville de Paris, arrêtés à dimanche.
Malgré plusieurs jours de fermeture en juillet à cause des pluies estivales, "c'est un vrai succès, on est ravis, on a vraiment un monde incroyable", se félicite Stéphanie Le Guédart, directrice adjointe de la Jeunesse et des Sports à la mairie.
Récemment, le mercure est monté dans la capitale et "on a constaté une forte affluence" sur les espaces de baignade, précise-t-elle à l'AFP.
Ouverts jusqu'au 31 août, ces derniers répondent aussi à un besoin d'adaptation de Paris au changement climatique, où les épisodes de canicule vont se multiplier et s'intensifier dans le futur.
Avec ses deux bassins, le site quai de Bercy (12e arrondissement) peut lui accueillir jusqu'à 700 personnes, mais celui quai de Grenelle (15e, 200 personnes maximum) est de plus en plus victime de son succès. Il faut parfois patienter plus d'une heure trente, à l'ombre des arbres, pour faire partie des heureux baigneurs.
Le cadre est prisé au milieu des péniches et face à l'île aux Cygnes. "Tu as aussi moins l'impression d'être dans Paris", affirme dans la file d'attente Romain, un décorateur de 47 ans qui n'a pas souhaité donner son nom, bien que la tour Eiffel en toile de fond se charge de le lui rappeler.
"C'est comme si tu te baignais dans la mer, ou dans un lac quoi, mais en centre-ville", renchérit sa fille Malou, 12 ans, impatiente de piquer une petite tête.
Malheureusement, leur "plouf" dans la Seine devra attendre. L'espace de baignade ferme dans moins d'une heure, et la dernière fournée de visiteurs vient de s'y engouffrer sous leurs yeux.
Certains touristes semblent agacés, tentent de forcer le passage. Eux ne se formalisent pas car ils ont un plan B: une piscine du 19e arrondissement qu'ils connaissent bien, et où "là-bas au moins, on peut tout le temps rentrer".
E. Carvalho--JDB