
Bouches-du-Rhône: pour lutter contre les incendies, des pompiers prépositionnés au plus près des massifs

Des "casernes temporaires", pour attaquer les incendies au plus tôt: 550 pompiers étaient prépositionnés lundi à différents points stratégiques des Bouches-du-Rhône, département classé en risque d'incendie "très sévère" ces trois derniers jours, en application d'un dispositif préventif destiné à réduire les temps d'intervention.
"L'objectif est d'intervenir rapidement sur des feux naissants, ou toute alerte, pour permettre la réduction du risque incendie", précise auprès de l'AFP le capitaine Sacha Cabras, chef de colonne du groupement Ouest (secteurs de Vitrolles et Martigues notamment) des pompiers des Bouches-du-Rhône.
Pour ce faire, il faut établir "un maillage territorial stratégique, pour avoir un délai d'intervention le plus court possible", notamment en positionnant "des engins à des endroits faciles d'accès", proches des axes routiers, ajoute-t-il.
Cette "stratégie d'attaque des feux naissants est quasiment unique en Europe" et d'autres pays viennent régulièrement s'en inspirer auprès des sapeurs-pompiers français, relève Thomas Sabatier, chef d'un groupe d'intervention feux de forêt prépositionné à proximité du Stadium de Vitrolles ce lundi.
Composé de 18 pompiers, professionnels et volontaires, quatre camions-citernes et un véhicule de commandement, l'unité est stratégiquement placée "à équidistance de Vitrolles et d'Aix-en-Provence, avec un accès direct au massif et à plein d'axes de communication", détaille le lieutenant Sabatier.
Au total, une trentaine de ces groupes, certains spécialisés dans l'attaque des feux, d'autres dans la protection des habitations, ont été déployés lundi à travers le département. Autant de "casernes temporaires" renforçant les existantes, ajoute Thomas Sabatier.
Car ce dispositif préventif vient s'ajouter aux 500 pompiers présents dans la soixantaine de casernes du département, "le plus exposé au risque de feux de forêt en France métropolitaine", rappelle régulièrement Météo-France.
- Saison "particulièrement à risque" -
L'institut météorologique a placé les Bouches-du-Rhône en vigilance rouge aux feux de forêt lundi, et ce pour la troisième journée consécutive, en raison de risques "très élevés" d'incendies à cause notamment d'un mistral soutenu. En outre, la préfecture a interdit l'accès à l'ensemble des 25 massifs du département.
"Plusieurs indicateurs vont nous donner un niveau de risque pour une journée: l'hygrométrie, le vent, la température extérieure", explique le capitaine Cabras, rappelant que "la plupart des feux sont des accidents". "En fonction du risque, on met le nombre de moyens le plus adapté".
Par exemple, "aujourd'hui, au vu du vent monté assez rapidement et prévisible depuis quelques jours, on a mis les groupes en place à partir de 11H00", deux heures plus tôt que sur une journée plus classique, poursuit le capitaine.
Depuis le début de l'été 2025, les départs de feux se sont comptés "en centaines" dans les Bouches-du-Rhône, à raison de quinze à vingt par jour, ce qui en fait une saison "particulièrement à risque" après deux à trois années aux "étés assez modérés", précise-t-il.
Le 8 juillet, un incendie parti de la commune des Pennes-Mirabeau avant d'atteindre le nord de Marseille avait parcouru 750 hectares, ravageant une soixantaine de bâtiments au total. A ce moment-là, "on était à 40 interventions à gérer sur la même journée", rappelle Sacha Cabras.
Dix jours plus tard, un feu a dévoré près de 250 hectares de pinède à Martigues, au nord-ouest de Marseille.
Illustrations, ce lundi après-midi, trois autres incendie ont mobilisé des dizaines de soldats du feu dans l'ouest du département: 115 soutenus par 21 engins à Martigues, 118 appuyés de 19 engins à Port-de-Bouc et 400 avec huit avions et hélicoptères bombardiers d'eau pour un sinistre qui a coupé les autoroutes A7 et A51 au niveau des Pennes-Mirabeau.
"Depuis les dix dernières années, c'est l'une des saisons les plus précoces et les plus intenses en termes d'engagement des sapeurs-pompiers", relève le capitaine Cabras. Même si les feux de forêt, "c'est toute l'année" concède-t-il aussitôt.
N. Gonçalves--JDB